Depuis plusieurs jours, la Russie et l’Ukraine s’accusent mutuellement de bombarder la centrale nucléaire de Zaporijia, la plus grande d’Europe. Si on ne sait toujours pas de quel côté se trouve le mensonge, la communauté internationale peut craindre une éventuelle catastrophe, pire que celle de Tchernobyl.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guteres a prévu de se rendre, ce jeudi 18 août 2022, en Ukraine pour rencontrer les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky et turc Recep Tayyip Erdogan à Lviv (ouest). Les trois hommes parleront de l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes, mais également de la situation de la centrale nucléaire de Zaporijjia, au sud-est du pays. Antonio Guterres devrait se rendre sur le site le vendredi 19 août.
Tous les scenarios possibles envisagés par les Ukrainiens
Depuis plusieurs jours, Kiev et Moscou s’accusent mutuellement de bombarder la centrale nucléaire, la plus grande d’Europe. Des frappes ont déjà atterri près d’un bâtiment de stockage radioactif et provoqué l’arrêt d’un réacteur. Les autorités ukrainiennes assurent que la Russie a déployé de l’artillerie à l’intérieur et autour du complexe. Elles accusent Moscou de vouloir l’utiliser comme une base de tir sur ses positions dans la zone et craignent fortement une catastrophe nucléaire.
Convaincu de son fait, le gouvernement de Kiev mène actuellement des exercices de simulation d’intervention en cas d’accident nucléaire. Mercredi 17 août, il a mobilisé des dizaines de secouristes pour participer à ces exercices sous une chaleur de plomb. Les volontaires avaient porté des masques à gaz et des vêtements protecteurs avec des dosimètres. Ils ont appris à évacuer des blessés et à nettoyer des lieux ou engins contaminés. L’Ukraine dit s’attendre à tous les scénarios possibles.
De la nécessité d’une inspection de l’AIEA
De son côté, la Russie nie avoir déployé des armes lourdes dans et autour de la centrale nucléaire de Zaporijia. Elle affirme que seules des unités de son armée se trouvent dans ce lieu pour en garantir la sécurité. Le ministère russe de la défense accuse à son tour l’Ukraine de préparer « une provocation retentissante » à l’occasion de la visite en Ukraine du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Il pense que des unités d’artillerie ukrainiennes prévoient de tirer sur le site pour ensuite accuser la Russie d’avoir causé un accident nucléaire.
Où se trouve le terroriste et le menteur ? Dans cette guerre informationnelle où chaque camp se présente comme un ange et dépeint l’autre comme le diable, il est difficile de savoir la vérité. Ne pouvant s’en tenir aux propos des uns et des autres, la communauté internationale réclame une inspection de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Les Nations unies disent avoir les capacités (en matière de logistique et de sécurité) pour préparer cette mission de l’AIEA dans le complexe nucléaire, si les belligérants s’accordaient à le laisser faire.
Indispensable pour l’alimentation en électricité des zones prorusses
Les Etats Unis et l’OTAN, eux, appellent à l’établissement d’une zone démilitarisée autour de la centrale. Une requête qui devrait être rejetée par Moscou. En effet, la centrale nucléaire de Zaporijia a été définie par le Kremlin comme un objectif majeur dès les premiers jours de l’invasion de l’Ukraine, débutée le 24 février 2022. Elle a été rapidement prise, le 4 mars, après d’importants bombardements. Ce site inauguré en 1985 sous l’ère soviétique a une capacité totale de 6 000 mégawatts et une production pouvant atteindre 38 milliards de kWh par an. Situé entre deux zones prorusses, il est déterminant pour alimenter en électricité les populations de l’est et du sud de l’Ukraine.