L’Autorité des marchés financiers (AMF) vient d’essuyer la colère de Suez pour avoir contesté les méthodes de défense de ce dernier contre l’OPA hostile engagée par Veolia.
Le conflit opposant Veolia et Suez vire à un duel à trois dans lequel l’AMF se trouve désormais embarquer. Le gendarme de la Bourse a été violemment pris à partie par le groupe de Philippe Varin et Bertrand Camus pour son rôle jugé trouble dans cette bataille opposant deux fleurons français du secteur de l’eau et des déchets. Les deux dirigeants de Suez accusent notamment l’AMF de prendre indirectement parti pour leur rival Veolia, auteur d’une OPA hostile dont ils sont la cible. Dans leur ligne de mire, le rappel à l’ordre adressé à Suez par le gendarme de la Bourse le 2 avril les appelant à revoir leur stratégie de défense anti-OPA dévoilée quelques jours plus tôt. Cela concerne notamment la décision du groupe de céder Cleanaway Waste Management, son activité de recyclage et de valorisation en Australie, très convoitée par Veolia. Ainsi, Suez entend par cette manœuvre contraindre son rival à la table de négociation concernant son offre d’achat hostile.
L’AMF vilipendée
Mais la méthode ne plait pas à l’AMF, qui s’est levée contre. Elle accuse Suez de favoriser Ardian et GIP, fonds d’investissement de droit néerlandais créé en fin d’année dernière par Veolia, manifestement pour se mettre à l’abri de l’offensive de Veolia.
Une communication qui a provoqué l’ire des responsables de Suez. Outre le reproche adressé à l’AMF sur le fait de se laisser embarquer par Veolia, Philippe Varin et Bertrand Camus accusent dans leur lettre de protestation, le gendarme de la Bourse de se méprendre au sujet des moyens dévolus par la loi Florange à une entreprise ciblée par une OPA pour se défendre.
Quelle issue pour cette bataille ?
Les regards sont désormais tournés vers l’AMF, amenée à se prononcer très prochainement sur la validité de l’OPA hostile de Veolia. Conforté par la sortie du gendarme de la Bourse, le groupe présidé par Antoine Frérot demande la dissolution d’Adrian et GP. Une requête que Suez n’entend pas satisfaire avant une sortie de crise négociée avec son concurrent. En cas de validation de l’OPA de Veolia, les services de la concurrence de l’UE devraient ensuite entrer en jeu afin de déterminer si l’entreprise pourra intervenir à l’assemblée générale de Suez prévue en juin prochain.
Veolia qui détient 29,9 % des actions de Suez entend racheter le reste de l’entreprise sous des conditions qui n’intéressent pas le groupe cible.