La disgrâce de Larry Summers

L’économiste américain est contraint de faire profil bas suite aux répercussions nées de la révélation de ses échanges avec le criminel sexuel Jeffrey Epstein.

Larry Summers pourra-t-il continuer à donner des cours à Harvard ? La question se pose alors que l’économiste s’efface de la scène publique, après la publication d’e-mails dévoilant plusieurs années d’échanges avec Jeffrey Epstein, le financier désormais discrédité, condamné pour exploitation sexuelle de mineures et décédé en détention.

« Je suis profondément honteux de mes actions et je reconnais la douleur qu’elles ont causée. J’assume l’entière responsabilité de ma décision malavisée de continuer à communiquer avec M. Epstein. Tout en continuant à remplir mes obligations d’enseignement, je me retirerai de mes engagements publics dans le cadre de mes efforts plus larges pour reconstruire la confiance et réparer les relations avec les personnes les plus proches de moi« , a-t-il annoncé dans un communiqué.

L’homme aujourd’hui âgé de 71 ans, possède en effet un curriculum vitae impressionnant. Secrétaire au Trésor durant les années de boom économique de l’administration Clinton, période souvent considérée comme l’apogée de sa carrière, il a également présidé l’université Harvard et conseiller économique sous les administrations Obama et Biden.

Une erreur de jugement

Ancien économiste en chef de la Banque mondiale, il est également dépeint par le Washington Post comme l’un des promoteurs du consensus favorable à la mondialisation et des liens étroits avec Wall Street.

Mais derrière cette trajectoire impressionnante, une autre histoire se jouait : celle d’une amitié persistante avec Jeffrey Epstein, marquée par des échanges d’e-mails sur plusieurs années, jusqu’à la veille de l’arrestation du financier pour trafic sexuel de mineures en 2019.

Selon les enquêtes menées par le Harvard Crimson, qui a analysé les correspondances en détail, Summers cherchait l’avis d’Epstein concernant une femme de 30 ans sa cadette, qu’il avait autrefois mentorée, identifiée comme une économiste chinoise travaillant désormais à la London School of Economics (LSE).

L’effet boule de neige

Ce n’est pas la première fois que Summers fait face à une vive polémique. Durant son mandat à la tête de Harvard, il avait suscité l’indignation en évoquant la possible origine biologique de la sous-représentation féminine dans les filières scientifiques.

Mais cette fois, le scandale prend une toute autre ampleur. La publication de ces échanges a en effet déclenché une réaction en cascade. En quelques jours, Summers a renoncé à une série de fonctions dans des groupes de réflexion et organisations à but non lucratif, quitté le conseil d’administration d’OpenAI et annoncé qu’il suspendait son enseignement à Harvard pour le reste de l’année.

Certains observateurs estiment que, même si les actions de Summers ne constituent pas nécessairement une infraction éthique dans le cadre strict des relations professionnelles (la femme en question n’était apparemment pas son étudiante directe au moment des faits), son jugement est si gravement compromis que les institutions seraient fondées à mettre fin à leur collaboration.

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