La veuve de John T. Walton, l’un des fils du fondateur de Walmart, prend publiquement position contre la politique de Donald Trump, au risque d’attirer les foudres de ce dernier sur la multinationale familiale.
Les lecteurs du New York Times (NYT) et bien d’autres l’ont remarqué le 8 juin dernier : une pleine page de publicité soutenant les manifestations organisées simultanément le week-end suivant sous le slogan « No Kings » (Pas de roi) à travers l’ensemble des États-Unis contre les dérives autoritaires du président Donald Trump.
« Nous sommes le peuple des États-Unis d’Amérique. L’honneur, la dignité et l’intégrité de notre pays ne sont pas à vendre« , pouvait-on lire dans cette publicité, qui énumérait par ailleurs plusieurs principes fondamentaux du pays, du soin des « vétérans et enfants » à la défense « contre l’agression des dictateurs ».
Au bas de cette page figurait le nom de la personne qui l’avait financée : Christy Walton. Ce patronyme n’est pas inconnu des Américains, car il représente l’une des familles les plus fortunées du pays, en l’occurrence celui de Sam Walton, fondateur du géant de la distribution Walmart.
Cette filiation soulève la question de savoir si ce groupe commercial, l’un des plus importants du pays, avait décidé de s’opposer au locataire de la Maison-Blanche, dont les tendances vengeresses ne sont plus à démontrer.
Une dissidence qui embarrasse l’empire Walmart
La réaction de Walmart ne s’est pas fait attendre. L’entreprise s’est empressée de préciser que « les publicités de Christy Walton ne sont en aucun cas liées ou endossées par Walmart », soulignant qu’elle n’avait ni alerté ni coordonné ses actions avec la direction de l’entreprise.
Joe Pennington, directeur du bureau de presse mondial du groupe, a par ailleurs ajouté que Walton ne « siège pas au conseil d’administration ni ne joue aucun rôle dans la prise de décision chez Walmart ».
Cette mise au point révèle l’embarras d’une compagnie réputée pour éviter les controverses politiques susceptibles d’aliéner sa clientèle. Surtout, Walmart veut, semble-t-il, éviter de se retrouver dans le collimateur de Trump, qui l’a tancée le mois dernier après la sortie d’un de ses dirigeants.
L’engagement politique d’une héritière controversée
« Walmart devrait arrêter d’essayer de blâmer les tarifs douaniers comme raison d’augmenter les prix dans toute la chaîne. Walmart a gagné des milliards de dollars l’année dernière, bien plus que prévu. Entre Walmart et la Chine, ils devraient, comme on dit, ‘avaler les tarifs’, et ne rien facturer de plus aux précieux clients. Je regarderai, et vos clients aussi !« , avait menacé en termes à peine voilés le président le 17 mai, en réaction à la sortie de John David Rainey, directeur financier de l’entreprise, évoquant « des droits de douane élevés ».
L’engagement anti-Trump de Christy Walton ne date pas d’hier. À 76 ans, la veuve de John Walton, l’un des quatre fils de Sam Walton, met de ses 18,8 milliards de dollars de fortune selon l’Index Bloomberg, dans des causes démocrates.
Elle a ainsi offert plus de 700 000 dollars en dons politiques l’année dernière, selon les données de la Commission électorale fédérale examinées par Forbes. Cela inclut 100 000 dollars à WelcomePAC, un comité d’action politique axé sur l’aide au Parti démocrate pour atteindre les « Américains ordinaires », et 200 000 dollars au Lincoln Project, un PAC « pro-démocratie » formé par d’anciens conservateurs.