Dans le cadre de sa réforme chômage, l’exécutif souhaite durcir les règles d’indemnisation pour atteindre le plein-emploi. Mais pour Patrick Martin, président du Medef, cette mesure ne suffira pas à faire revenir un grand nombre de chômeurs dans l’emploi. Il appelle plutôt à gagner en compétitivité.
Gabriel Attal a annoncé, il y a quelques jours, une réforme de l’allocation de solidarité spécifique (ASS) ou allocation de retour à l’emploi (ARE). Le premier ministre français a laissé entendre que cette prestation versée par France Travail (ex-Pôle emploi) pourrait être bientôt supprimée. Aussi, souhaite-t-il durcir les règles d’indemnisation de l’assurance-chômage, espérant ainsi contraindre les chômeurs à accepter les offres d’emploi qui leur sont proposées.
Un élément de réponse, mais pas suffisant pour le plein-emploi
Sur BFM Business ce mardi, Patrick Martin a réagi à ces annonces du chef du gouvernement. Selon le président du Medef, la réforme de l’assurance-chômage constitue un « un élément de réponse » au problème. Mais il estime qu’elle ne permettra de faire revenir à l’emploi que 100.000 à 150.000 chômeurs. Ce qui est largement insuffisant. « Durcir les règles d’indemnisation du chômage ne suffira pas », a souligné le patron des patrons sur BFM Business.
Patrick Martin appelle à retrouver du dynamisme économique
Sans doute marqué par la grève des agriculteurs des deux dernières semaines, Patrick Martin a mis en garde le gouvernement contre des mesures trop drastiques dans le contexte actuel. Pour lui, il est « important dans un pays assez inflammable, irritable et fracturé, de préserver la bonne qualité de dialogue ». Pour atteindre le plein-emploi sans créer des oppositions, il croit qu’il faut plutôt retrouver du dynamisme économique.
Sans une bonne dynamique économique, pas de plein-emploi
« La priorité c’est de continuer à gagner en compétitivité, c’est que la politique de l’offre, au-delà du discours se concrétise (…) », a-t-il conseillé. Ainsi, il pense que le plein-emploi n’aura lieu qu’avec une bonne dynamique économique. Pour atteindre celle-ci, le chef d’entreprise suggère en particulier de réallouer des charges sociales abusivement supportées par les entreprises et les salariés. Il croit savoir que c’est justement ce que l’Etat a choisi de faire.
L’Europe doit déployer plus vite ses plans de soutien à l’économie
Interrogé sur l’activité économique en France, Patrick Martin a déclaré que la croissance du PIB français en 2024 pourrait s’établir autour d’1 point, avec un redémarrage au second semestre. Pourtant, le gouvernement a prédit une croissance de 1,4%, contre 0,6% pour l’OCDE. Aussi, le président du Medef se réjouit que l’inflation ralentisse. Pour capitaliser sur cette situation, il recommande à l’Europe de déployer beaucoup plus vite ses plans de soutien à l’économie, avec des procédures allégées.
Vers des augmentations de salaires supérieures à l’inflation ?
Sur l’épineuse question des salaires, Patrick Martin assure que cette année « les entreprises verseront des augmentations supérieures à ce qu’on imagine être l’inflation sur l’année ». En outre, concernant la lutte contre le réchauffement climatique, le dirigeant réclame « des calendriers, une visibilité et des financements, idéalement des auto-financements ». Par ailleurs, il invite l’Union européenne à faire preuve de plus de cohérence s’agissant de ses objectifs de décarbonation.