Renault a annoncé mercredi la suspension de ses activités en Russie et une probable révision de sa participation dans Avtovaz, le leader automobile russe. Ce retrait oblige le groupe automobile français à abaisser ses perspectives financières pour 2022.
Pour s’aligner sur les sanctions internationales
Renault quitte la Russie avec la mine grise. Le groupe automobile français a annoncé, le mercredi 23 mars, à l’issue d’une réunion de son conseil d’administration, qu’il suspendait les activités de son usine de Moscou. Il a expliqué vouloir s’aligner sur les sanctions internationales contre la Russie après l’invasion de l’Ukraine. Il est clair que la marque au losange a cédé aux pressions et au risque d’un boycott après les déclarations de Kiev.
En effet, plus tôt ce mercredi, le président ukrainien Volodimir Zelensky a adressé un message au parlement français dans lequel il a demandé aux groupes tricolores de quitter la Russie et de cesser de sponsoriser la guerre dans son pays par la poursuite de leurs activités. Il a notamment cité Renault, ainsi que les enseignes Auchan et Leroy-Merlin. Dans la foulée, son ministre des Affaires étrangères Dmitro Kouleba a appelé à un boycott mondial du constructeur automobile français, qui n’avait toujours pas pris position malgré la vague de départ des sociétés occidentales.
Un free cash-flow passé simplement dans le positif
Outre son retrait de Russie, Renault a également annoncé qu’il allait probablement revoir sa participation (68%) dans Avtovaz, premier constructeur automobile russe plus connu en France et en Belgique sous sa marque Lada. Le fleuron automobile tricolore dit s’inquiéter de l’avenir de cette entreprise, en particulier d’une possible nationalisation alors qu’il y a investi plus de 1,7 milliard d’euros et a réussi à la redresser financièrement au prix de mille efforts. Par ailleurs, Renault a revu à la baisse ses perspectives financières pour 2022. La Russie est son deuxième marché après la France, avec près de 500.000 véhicules vendus l’année passée pour un chiffre d’affaires de 2,9 milliards d’euros.
Le groupe s’attend désormais à une charge exceptionnelle de près de 2,2 milliards d’euros au premier semestre et une marge opérationnelle autour de 3%, contre au moins 4% auparavant. Par ailleurs, il a renoncé à son objectif d’au moins 1 milliard d’euros de flux de trésorerie opérationnelle disponible (free cash-flow), se contentant de rester dans le « positif ». Malgré tout, il promet d’agir de manière responsable envers ses 45.000 salariés en Russie.
Pas question d’abandonner sa politique et ses engagements
En dépit des potentielles pertes financières, Renault assure qu’il reste concentré sur la mise en œuvre de son plan stratégique Renaulution. Ce programme vise la création de valeur et non plus l’augmentation effrénée des volumes. Il doit garantir la rentabilité durable de l’entreprise et le respect de son engagement de neutralité carbone en Europe d’ici 2040. Renaulution doit faire du groupe un leader des nouvelles mobilités à travers principalement quatre marques qui doivent être revisitées pour les rendre électriques et durables. Il s’agit de Renault, Dacia, Alpine et Mobilize.