Emmanuel Faber a quitté ses fonctions de PDG du géant de l’agroalimentaire plus rapidement qu’il n’y a accédé. Le résultat d’un bras de fer avec des fonds activistes réputés pour leurs méthodes impitoyables.
L’affaire a été pliée en quelques semaines. Emmanuel Faber n’est plus le patron de Danone depuis le 14 mars dernier. L’homme qui a notamment fait plus de deux décennies de sa carrière au sein du groupe agroalimentaire a été évincé sous la pression principale de deux fonds activistes entrés au capital de Danone il y a peu. Une manœuvre d’une rare réussite pour ces fonds qui gravitent de plus en plus autour des entreprises cotées en bourse, mais en petite forme en raison d’un management problématique.
À l’origine, une direction chahutée
Pour comprendre la situation de Danone, il faut remonter à quelques mois en arrière. Notamment au départ des critiques contre Emmanuel Faber, alors PDG de l’entreprise française depuis quatre ans. Le quinquagénaire qui n’a jamais caché son objectif de faire de Danone une entreprise responsable est attaqué de toutes parts. Aux reproches d’un management presque autoritaire succèdent ceux d’un patron qui n’hésiterait pas à sacrifier les intérêts financiers du groupe sous l’autel de sa responsabilité sociale. Conséquence : la firme, référence mondiale de produits laitiers frais, décroche par rapport à ses principaux concurrents. Le Néerlando-Britannique Unilever voit notamment son action en bourse augmenter de 50% pendant que Danone devait se contenter d’un progrès de 11% seulement.
Victime des contrecoups de la crise du Coronavirus, Danone perd une part importante sur le marché en 2020, au bénéfice de Nestlé, un autre concurrent. La faute notamment au recul des ventes de ses eaux minérales.
Bluebell Capital flaire le bon coup
Ces mauvais résultats combinés à la fronde anti-Faber naissante au sein de l’entreprise, ont mis la puce à l’oreille des fonds activistes. Bluebell Capital, l’un des deux fonds d’investissement à l’origine du départ d’Emmnuel Faber trouve là l’occasion idéale pour opérer, tel que l’un de ses responsables l’a récemment avoué à l’agence Reuters. Le fonds basé à Londres entre donc au capital de Danone fin 2020 à hauteur de 3%. Un chiffre symbolique s’il en est, mais susceptible de faire basculer la direction du géant laitier en raison du climat délétère qui y prévaut.
La suite n’a été qu’une succession d’initiatives et de sorties médiatiques contre la gestion du groupe par son désormais ex-PDG. Il semble d’ailleurs peu probable qu’Emmanuel Faber ait eu le temps d’en constater les dégâts.