Dans une interview accordée à l’hebdomadaire Le Point, le jeudi 17 septembre 2020, Anne Hidalgo affirme vouloir prendre « toute [sa] part dans la bataille [présidentielle de 2022] qui s’annonce ». Face à une gauche en recomposition, elle bénéficie d’un terrain favorable, mais doit gérer son image de maire des « bobos ».
Et si elle prenait enfin ses responsabilités ? Après avoir longtemps assuré qu’elle n’avait pas d’ambition présidentielle, Anne Hidalgo laisse à présent planer le doute. Dans une interview au Point, publiée jeudi, la maire socialiste de Paris fait comprendre qu’il faudra compter avec elle pour rassembler la gauche et mener la bataille de 2022.
« Je ne participerai pas à un combat de coqs. Les divisions, ce n’est pas ce qui fera gagner la gauche ! (…) Si l’on veut bâtir une démocratie vivante, il faut associer les citoyens à la décision politique, se mettre à l’écoute des acteurs locaux et des mouvements associatifs et syndicaux (…). Voilà un chantier sur lequel je me suis engagée, et je prendrai toute ma part dans la bataille qui s’annonce », a déclaré l’édite. Un discours aux antipodes de celui de 2016, où elle avait décliné clairement l’invitation. « J’ai fait de Paris l’alpha et l’omega de mon engagement politique. (…) Je n’irai pas m’égailler ailleurs », assurait-elle.
« Il y a de la place pour une offre sociale-démocrate, écologiste, citoyenne »
Mais, depuis, le paysage politique s’est recomposé, surtout à gauche. Et Anne Hidalgo a su asseoir sa légitimité grâce à sa dernière victoire aux municipales. « Quand je vois l’émiettement, notamment à gauche, je ne crois pas que les échéances de 2021 et de 2022 se feront à partir des partis. Cela se jouera dans quelque chose de plus large, comme nous l’avons construit avec ‘Paris en commun’. Il y a de la place pour une offre sociale-démocrate, écologiste, citoyenne, face à la multiplication probable des candidats de droite et une extrême droite qui reste en embuscade », estime-t-elle.
En pole position à gauche
Le contexte s’y prêt donc, d’autant que l’époque du « Hidalgo bashing » semble révolue. Par ailleurs, les chiffres sont là pour confirmer cette tendance. En effet, selon un sondage Ipsos pour Le Point, réalisé du 4 au 5 septembre, Anne Hidalgo ferait une bonne candidate « pour faire gagner la gauche » par 26% des sondés, devançant Bernard Cazeneuve et Jean-Luc Mélenchon (23%). De surcroît, elle enregistre de bons résultats dans les trois composantes principales de la gauche : 38% chez les sympathisants LFI et le PCF, 42% chez EELV et 37% chez le PS. Bernard Cazeneuve obtient, lui, respectivement 17, 15 et 30%, et M. Mélenchon 73, 21 et 25%.
Il faudra convaincre les Verts et les dinosaures de la gauche
Si elle souhaite un jour finir à l’Elysée, Anne Hidalgo doit dès maintenant se débarrasser de son image de maire de Paris, « la ville de bobos », de l’avis des Français. Sur son bilan aussi, elle devra faire taire ceux qui lui reprochent d’avoir agi avec sectarisme, par exemple sur la circulation. Enfin, il faudra convaincre les Verts qui s’affirment de plus en plus et les vieux crocodiles de la gauche, dont Jean-Luc Mélenchon, que l’on n’imagine pas renoncer à se présenter.