Le Tribunal de commerce de Bobigny a rejeté, jeudi 30 avril, le troisième plan de redressement judiciaire sur six ans proposé par Bernard Tapie concernant ses deux sociétés GBT et FIBT et prononcé leur liquidation.
Le tribunal de commerce de Bobigny a prononcé jeudi la liquidation judiciaire des sociétés de Bernard Tapie, en rejetant son plan de remboursement de plus de 400 millions d’euros auquel il a été condamné dans l’affaire de l’arbitrage de son litige avec le Crédit Lyonnais. Selon le tribunal, le financement du remboursement proposé par l’homme d’affaires n’est « pas assuré ». En conséquence, il a prononcé la liquidation des sociétés GBT (Groupe Bernard Tapie), actionnaire majoritaire du groupe de médias la Provence, et FIBT (Financière et Immobilière Bernard Tapie), qui détient son hôtel particulier Cavoye de la rue des Saints-Pères à Paris et sa villa à Saint-Tropez.
Tapie avait assuré que ses créanciers ne toucheraient aucun euro en cas de liquidation
La liquidation judiciaire des sociétés de Bernard Tapie doit permettre de rembourser les créances du consortium de réalisation du Crédit Lyonnais (CDR). Celui-ci tente sans succès depuis 2015 d’obtenir le retour des sommes accordées par l’arbitrage rendu en 2008, jugé frauduleux et qui était censé solder le litige de M. Tapie avec le Crédit Lyonnais dans l’affaire de la revente d’Adidas en 1993. Mais l’ancien patron de l’Olympique de Marseille, qui lutte à 77 ans contre un cancer métastasé, l’a répété à plusieurs reprises : même en cas de liquidation, ses créanciers ne toucheraient aucun euro tant que le montant exact de sa dette, estimée à 438 millions d’euros, n’aura pas été tranché définitivement.
« Nous avons démontré de manière constante que les trois projets successifs de plans de sauvegarde puis de redressement présentés par Bernard Tapie étaient irréalistes (…) et que la liquidation judiciaire était dès lors la seule procédure appropriée pour parvenir à la vente des actifs en vue de rembourser au moins une partie des dettes », a réagi dans un communiqué François Lemasson, le président du Consortium de réalisation (CDR). Cette entité, chargée de l’héritage du Crédit Lyonnais, estime que les époux Tapie lui doivent plus de 550 millions d’euros.
« Nous allons bien évidemment faire appel de cette décision »
François Kopf, l’avocat de Bernard Tapie, a lui vivement critiqué la décision du Tribunal de commerce de Bobigny. « Le dossier Tapie est le seul dossier d’avant la crise qui n’a pas été confiné. Y avait-il urgence alors que pas une décision de justice n’est prise. Bernard Tapie traverse une situation personnelle très difficile pour les raisons que chacun connait, comme beaucoup dans notre pays. Aucun répit ne lui est donné. Dans le contexte d’urgence sanitaire et de confinement, on a néanmoins trouvé le temps de rendre ce jugement », a-t-il dénoncé. « Nous allons bien évidemment faire appel de cette décision », a conclu Me François Kopf.