Discret. Voilà un qualificatif qui colle parfaitement à la peau de Mohamed Ould Bouamatou. La première fortune de Mauritanie, qui vit en exil depuis plusieurs années en Belgique, fait pourtant couler beaucoup d’encre. Parce qu’il a choisi de s’opposer à la junte militaire, qu’il est devenu l’ennemi juré du président sortant Ould Abdelaziz, parce que, surtout, il finance une organisation de défense des droits de l’Homme devenue le poil à gratter des autocrates du continent.
Mohamed Ould Bouamatou ne sort quasiment jamais de la réserve médiatique qu’il s’impose. Il n’en demeure pas moins l’un des combattants les plus actifs (et l’un des seuls à mettre ses propres deniers dans la bataille) pour la défense de la démocratie, des droits de l’Homme et de l’état de droit en Afrique. Un combat mené au travers de la Fondation pour l’égalité des chances en Afrique, qu’il a fondé voilà huit ans.
C’est d’ailleurs peu de temps après le début de son engagement pour les droits de l’Homme que les problèmes de Mohamed Ould Bouamatou ont commencé dans son pays, la Mauritanie, qui demeure l’une des régions au monde les moins avancées dans ce domaine. Un engagement que n’a pas supporté l’ancien putschiste et président sortant, Mohammed Ould Abdelaziz, qui a lancé une vendetta personnelle contre le milliardaire.
Harcelé par la justice de son pays, Mohamed Ould Bouamatou a choisi l’exil. Au Maroc d’abord, puis en Belgique après des pressions sur le gouvernement de Rabat. Un exil qui n’a fait qu’accroître la motivation de l’homme d’affaires à voir changer les choses en profondeur dans son pays et à travers le continent.
Depuis Bruxelles, son ONG s’est structurée. D’association mauritanienne locale, elle s’est transformée en ONG internationale disposant de relais politiques et médiatiques, mais également d’un réseau de soutiens auprès d’avocats spécialistes des questions de droits de l’Homme et de démocratie. C’est ainsi que le fondateur de l’association Sherpa, et grande figure de la défense de la liberté politique, William Bourdon, a rejoint le conseil d’administration de l’ONG, tout comme son confrère belge Georges Henri Beauthier.
Ce sont eux qui, avec le soutien de la grande organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch, mais aussi de l’entregent politique et médiatique de figures comme l’ancien commissaire européen Louis Michel, ou du Prix Nobel de la Paix Denis Mukwege, portent la voix de la Fondation pour l’égalité des chances en Afrique. Au grand dam des autorités de Nouakchott qui, en ayant voulu museler l’ONG, lui ont en réalité donné une voix dont la puissance résonne dans le monde entier.