L’affaire Ghosn et les salariés de Renault

L’ambiance est morose dans les usines Renault. Le 19 novembre, Carlos Ghosn a été arrêté au Japon et a vu sa garde à vue être prolongée jusqu’en février alors que son ancien bras droit, Greg Kelly a été libéré sous caution. Colère et inquiétude se mêle chez les salariés du groupe.

« Nous nous sentons trahis », déclare William Audoux, 50 ans, technicien de maintenance du département fonderie et délégué CGT à l’usine du Cléon (Seine-Maritime). Le site est consacré à la fabrication de moteurs et de boîtes de vitesses. « Cela fait longtemps que nous dénonçons les niveaux de rémunération de nos dirigeants, et pas seulement celle de Monsieur Ghosn. Mais si, en plus, il est prouvé qu’il truandait, la pilule ne passera pas ! » prévient le syndicaliste.

Les salariés le confessent, le sujet est omniprésent entre eux. « On nous demande d’afficher notre soutien et notre confiance envers la direction, de faire corps au nom de l’unité du groupe, quelle mascarade… », s’énerve l’un d’entre eux, technicien à Sandouville (Seine-Maritime), un site ravagé par les licenciements.

« D’un côté il y a ceux qui se goinfrent, et n’hésitent pas à piquer dans la caisse, observe un salarié de la Sovab (Société de Véhicules Automobiles de Batilly), filiale à 100 % du groupe, implantée dans le bassin industriel de Lorraine. De l’autre, ceux à qui on demande de se serrer la ceinture au nom du maintien de l’emploi. Quitte à ne plus savoir comment terminer les fins de mois malgré des cadences infernales », déplore un ouvrier.

Dans les conversations on parle souvent des gilets jaunes, parfois de convergences. « On nous rebat les oreilles avec une nécessaire modération salariale et une frugalité des conditions de travail, souligne William Audoux. Dans le cadre de plans de compétitivité successifs, on a supprimé 18 jours de RTT aux équipes de nuit depuis 2013. Et jusqu’à 21 jours pour les autres. Pendant que notre grand patron, parmi les mieux payés du CAC 40, affichait un train de vie indécent, achetant vignes, villas ou jets privés, peut-être avec l’argent de la boîte. »

 

 

 

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