STMicroelectronics : la chute libre du champion européen des puces

La société franco-italienne est plus que jamais distancée dans la course à l’intelligence artificielle, secteur stratégique porteur dont elle était pourtant destinée à être l’une des pionnières.

Le miracle espéré n’a pas eu lieu. Les résultats du deuxième trimestre, dévoilés ce jeudi 24 juillet, confirment les difficultés de STMicroelectronics, le fabricant européen de puces électroniques, malgré les assurances optimistes de son président Nicolas Dufourcq quelques semaines plus tôt.

Le groupe franco-italien enregistre une perte nette de 97 millions de dollars, avec un chiffre d’affaires de 2,8 milliards de dollars, soit un recul de 14,4% sur un an, malgré une légère amélioration par rapport au premier trimestre.

À l’annonce de ces résultats, le titre chute de 15% en Bourse, marquant sa plus forte baisse depuis un an. Ce tableau décevant illustre l’ampleur de la crise qui frappe STMicroelectronics, entreprise sur laquelle Nvidia avait pourtant parié pour faire ses premiers pas dans l’industrie des semi-conducteurs.

Comme le rappelle Le Monde, les dirigeants du groupe californien, aujourd’hui leader incontesté du secteur, avaient fait appel à SGS-Thomson, l’ancêtre de STMicroelectronics, pour la fabrication de leurs premières puces graphiques.

L’effondrement simultané des marchés stratégiques

Trente ans plus tard, l’écart s’est creusé de façon spectaculaire. Nvidia a franchi le 9 juillet dernier la barre historique des 4 000 milliards de dollars de valorisation boursière, une première dans l’histoire de Wall Street qui éclipse même les plus grands succès des géants technologiques comme Apple.

Parallèlement, STMicroelectronics enchaîne les difficultés, avec un chiffre d’affaires en chute de 23% en 2024, passant de 17,3 à 13,27 milliards de dollars. Cette chute s’explique par l’effondrement simultané de ses deux marchés principaux : les composants industriels et l’électronique automobile.

La forte dépendance au segment automobile (plus de 40% du chiffre d’affaires) se révèle particulièrement pénalisante, en raison de la baisse des commandes de plusieurs constructeurs majeurs, notamment Tesla, Renault et Stellantis.

« Après deux années record en 2022 et 2023, la direction était trop sûre d’elle et n’a pas vu venir la crise« , regrette Henri Errico, secrétaire CGT du comité de groupe européen, dans les colonnes du Monde.

Le train raté de l’intelligence artificielle

Par ailleurs, l’entreprise ne s’est lancée dans l’intelligence artificielle qu’à la fin 2024, accusant ainsi plus de dix ans de retard sur Nvidia. Cette entrée tardive la prive d’une manne essentielle et compromet l’autonomie technologique de l’Europe, malgré les importantes aides publiques reçues.

La situation pourrait s’aggraver face à la concurrence asiatique. Comme s’en alarme Nicolas Dufourcq auprès du Monde : « Les Chinois construisent 55 gigafactories et déversent leurs produits sur le monde entier« .

Alors que le directeur général Jean-Marc Chéry a annoncé en octobre 2024 un « remodelage de l’empreinte industrielle » accompagné de 2 800 suppressions de postes, l’avenir de l’industrie européenne des semi-conducteurs est désormais en jeu.

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