Wang Chuanfu et Stella Li dominent le segment des véhicules électriques, forts d’un savoir-faire respectif complémentaire dans les domaines technologique et économique.
Qu’est-ce qu’Elon Musk pourrait bien penser de BYD en ce moment ? C’est la question à 107 milliards de dollars, comme le chiffre d’affaires réalisé par le constructeur automobile électrique chinois en 2024. Un montant significatif, tant il relègue au second plan Tesla, la firme du milliardaire américain.
Après avoir une fois – en 2011 – moqué l’entreprise aux trois lettres pour sa technologie prétendument « peu attrayante », ce dernier ne doit certainement plus rire de ce sujet à présent. En effet, BYD force désormais le respect dans l’industrie si florissante et concurrentielle des automobiles électriques.
À tel point que le groupe est décrit par CNN comme celui qui prive de sommeil les investisseurs de Tesla. Pour cause, le constructeur basé à Shenzhen détient 24,2% du marché mondial des véhicules électriques, fort de 355 174 livraisons effectuées selon les résultats communiqués en août 2024.
Soit plus que le double de celles de Tesla, chiffrées à 152 140 (10,4% du marché). À la manœuvre de cette performance figurent Wang Chuanfu et Stella Li, lesquels forment sans doute le couple de dirigeants le plus influent de Chine et au-delà.
Un mariage stratégique au cœur du succès
En l’espace de deux décennies, Wang Chuanfu, fondateur, et Stella Li, vice-présidente exécutive, ont fait de l’idée derrière les lettres BYD (pour Build Your Dreams) une réalité, grâce notamment à une complémentarité peu commune dans le milieu entrepreneurial mondial.
Chimiste de formation devenu expert dans le domaine des batteries, Wang Chuanfu, 59 ans, s’emploie à renforcer l’autonomie de la société, autrefois fabricant de batteries pour téléphones mobiles, dans la chaîne de production des véhicules rechargeables.
Selon une étude des analystes de la banque UBS, BYD produit environ 75% des composants de ses véhicules en interne, y compris les batteries, les semi-conducteurs et les moteurs électriques.
De quoi donner à l’entreprise un avantage significatif en matière de coûts par rapport à des concurrents comme Tesla, dont le Model 3 produit à Shanghai n’a que 46% de composants fabriqués en interne.
Une confiance en soi inébranlable
Statisticienne de formation, Stella Li, 55 ans, ne ménage de son côté aucun effort pour vendre les mérites de BYD aux quatre coins du globe, ne partageant que 20% de son temps en Chine, selon ses propos rapportés par Le Monde.
Sous sa direction, BYD a ainsi étendu sa présence à plus de vingt pays en Amérique, avec des bureaux dans onze pays, y compris les États-Unis, le Canada, le Brésil, le Chili, la Colombie ou encore la Roumanie.
Preuve du dynamisme de celle qui a été désignée « personnalité de l’année 2025 » par le jury de la World Car Person of the Year, composé de 96 journalistes provenant de 30 pays différents : l’imposition de la marque au Brésil, « alors qu’il n’y a pas vraiment d’infrastructure de recharge », selon Carlos Gomes, directeur général du distributeur de BYD, Cosmobilis, en France.
Gomes crédite le couple d' »une confiance illimitée dans les capacités et les produits » du groupe face à la concurrence.