Meta menacé de démantèlement

Le géant des réseaux sociaux est en procès contre le gendarme de la concurrence qui l’accuse de violation des lois antitrust du pays pour avoir racheté Instagram et WhatsApp, il y a plus d’une décennie.

Mark Zuckerberg sur le gril. Le patron de la tech, dont l’empire est accusé d’actions monopolistiques à travers l’acquisition d’Instagram et WhatsApp entre 2012 et 2014, était à la barre lundi 14 avril en qualité de témoin dans le cadre de ce procès intenté par la Federal Trade Commission (FTC).

L’agence fédérale garante des lois antitrust aux États-Unis a fait valoir ses arguments à travers une déclaration liminaire à la tonalité pour le moins cinglante.

« Depuis plus de cent ans, la politique publique américaine insiste sur la nécessité pour les entreprises d’être compétitives si elles veulent réussir. Si nous sommes ici, c’est parce que Meta a rompu l’accord », a déclaré Daniel Matheson, son avocat.

« Ils ont décidé que la concurrence était trop rude et qu’il serait plus facile de racheter leurs rivaux que de rivaliser avec eux », a poursuivi l’avocat, faisant référence à de nombreux mails internes à Facebook – désormais rebaptisé Meta –, dont l’un en 2008 dans lequel Zuckerberg disait « qu’il vaut mieux acheter que de se lancer dans la compétition ».

Un monopole contesté au périmètre discuté

L’un des points cruciaux du débat porte sur la définition même du marché concerné. Pour la FTC, seuls les réseaux sociaux « personnels » doivent être pris en compte. C’est-à-dire ceux permettant de se connecter avec la famille et les amis. Cela limiterait essentiellement le paysage concurrentiel à Facebook, Instagram, WhatsApp (tous trois propriétés de Meta) et Snapchat.

Meta, quant à elle, plaide pour une vision beaucoup plus large. Son avocat, Mark Hansen, a notamment souligné la réaction des consommateurs lorsque TikTok avait été temporairement bloqué aux États-Unis en janvier dernier.

« Lorsque TikTok a été débranché, les gens se sont tournés vers Instagram », a-t-il argué, mettant en avant la hausse de la fréquentation de Facebook et Instagram (20% et 17% respectivement) à cette période.

Des enjeux économiques considérables

Un autre élément clé du dossier consiste pour la FTC à prouver que Meta n’aurait pas été un tel mastodonte aujourd’hui – environ 3,5 milliards d’utilisateurs actifs, 62 milliards de dollars de bénéfices nets en 2024 – sans les rachats d’Instagram (pour un milliard de dollars) et de WhatsApp (pour 19 milliards de dollars).

Autant dire une gageure, selon divers spécialistes consultés par le New York Times (NYT). Ces derniers relèvent également la nature tardive de la procédure – soit plus de dix ans après des opérations par ailleurs avalisées par la FTC – comme une de ses potentielles infirmités.

« La Commission envoie le message qu’aucun accord n’est jamais vraiment définitif », indique Meta, alors que Mark Zuckerberg s’est rapproché de la Maison Blanche ces derniers mois dans le cadre d’un lobbying autour de ce procès déclenché par une plainte de 2020 durant le premier mandat de Donald Trump.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.