Wall Street : le cocktail de la performance

La charge de travail particulièrement épuisante dans les institutions financières américaines a ouvert la porte à l’addiction des jeunes en quête de carrière respectable à des psychostimulants.

Avant, il y avait de la cocaïne et d’autres drogues présentées dans le « Loup de Wall Street », le film à succès (2013) de Martin Scorsese sur certains travers du monde de la finance américaine à travers le jeune trader « Jordan Belfort » incarné par l’acteur Leonado DiCaprio.

Si les travers restent les mêmes à l’heure actuelle, l’objectif et les méthodes ont changé. Les jeunes banquiers en début de carrière font toujours recours à des stimulants, mais moins dans un but festif.

Il s’agit de se donner les moyens de tenir le rythme infernal imposé par cette industrie dans laquelle le culte de la performance semble avoir été érigé en valeur cardinale, quitte à perdre son humanité. Surtout, la prise de drogue récréative a laissé la place à une logique d’optimisation de la performance.

C’est ce que dévoile le Wall Street Journal (WSJ) dans une récente enquête. Une réalité dans laquelle des substances à but thérapeutique sont détournées de leur usage initial, devenant des outils utilisés quotidiennement afin d’augmenter la productivité.

Le TDAH comme vecteur d’une course aux stimulants

Dans cette course effrénée aux stimulants, le TDAH, sigle désignant le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, apparaît comme une porte d’entrée vers un monde de tous les excès.

L’article du WSJ fondé sur une cinquantaine de témoignages dans une diversité de structures bancaires américains, montre comment des cliniques comme « Trifecta Health » facilitent l’accès aux médicaments à travers des diagnostics rapides et peu approfondis.

À cet effet, l’Adderall et le Vyvanse, deux amphétamines classées comme médicaments de catégorie 2 au même niveau que la cocaïne et les opioïdes à cause du potentiel d’abus y afférant, sont particulièrement citées.

Dans les espaces de travail des banques d’investissement, la consommation de ces substances est devenue monnaie courante, particulièrement chez les analystes et associés juniors sommés de faire leurs preuves pour espérer gravir les échelons.

Des ravages physiques et psychologiques

D’autant que les avantages d’un poste de direction peuvent se révéler en plusieurs dizaines de milliers de dollars de salaire annuel. Il faut pour ce faire, affronter parfois jusqu’à 90 heures de travail par semaine sur plusieurs mois d’affilée.

Le Wall Street Journal évoque même des cas de rythme de travail de 24 heures sans interruption. De fait, certains sniffent de l’Adderall pilé à même leur bureau sans que personne autour d’eux ne sourcille, tant le phénomène est devenu monnaie courante.

Une culture de l’excès aux conséquences dévastatrices. En mai dernier, un jeune banquier est décédé après avoir enchaîné pendant un mois les semaines de plus de 100 heures de travail pour finaliser une acquisition à 2 milliards de dollars.

D’autres sont devenus tellement accros au point de perdre la notion du temps, devenant complètement asociaux, avec l’esprit focalisé seulement sur le travail.

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