L’entreprise américaine spécialisée dans la reconnaissance faciale est accusée d’avoir utilisé des photos d’utilisateurs sans leur consentement. Une situation récurrente avec cette firme fréquemment décriée.
L’étau se resserre autour de Clearview AI aux Pays-Bas. Les autorités du pays viennent de condamner l’entreprise new-yorkaise à 30,5 millions d’euros d’amendes en représailles à des pratiques jugées illégales. C’est-à-dire l’exploitation sans autorisation préalable des photos d’utilisateurs.
« Si une photo de vous se trouve sur internet – et qui n’y est pas ? – alors vous pouvez vous retrouver dans la base de données de Clearview et être tracé. Ce n’est pas un scénario apocalyptique tiré d’un film d’épouvante. Et ce n’est pas quelque chose qui pourrait arriver seulement en Chine », a fustigé le patron de l’autorité néerlandaise de protection des données (AP), Aleid Wolfsen, cité par le magazine Fortune.
C’est une description de cette firme technologique qui se définit comme le « Google de la photo ». Pour cause, son logiciel permet d’identifier n’importe quelle personne sur le web à partir d’une simple image de cette dernière.
Une interdiction du territoire
La technologie est si puissante qu’elle y parvient même si le sujet dissimule partiellement son visage. L’entreprise revendique ainsi sur son site internet, d’avoir la plus grande base de données d’images au monde, fort d’un stock estimé selon certaines sources à 50 milliards de fichiers.
Son fonds de commerce consiste notamment à vendre ces images aux autorités publiques dans le cadre, selon Clearview, d’enquêtes criminelles et pour la sécurité publique. « La reconnaissance faciale est une technologie très intrusive dont on ne peut pas libérer l’usage sur tout le monde sans discernement« , a indiqué Aleid Wolfsen, toujours dans les colonnes de Fortune.
L’autorité néerlandaise va plus loin en interdisant complètement l’usage de la technologie sur le sol national, en plus de menacer les entreprises susceptibles de collaborer avec l’entreprise de « lourdes amendes ».
Une énième accusation
« Nous devons tracer une ligne très claire en matière d’utilisation abusive de ce type de technologie », ajoute le régulateur néerlandais. C’est la énième accusation à l’encontre de ce logiciel déjà mis à l’index en Italie, au Royaume-Uni et en France.
Cela n’est cependant pas de nature à freiner le PDG du groupe, Hoan Ton-That. L’entrepreneur australien de 36 ans se défend notamment d’utiliser seulement des photos accessibles publiquement.
« Il n’identifie pas les gens en temps réel dans leur vie quotidienne », argue-t-il dans une interview accordée à Forbes en novembre 2022.