Vincent Bolloré

France : l’Afrique revient hanter Vincent Bolloré

Alors qu’il s’est désengagé de l’Afrique en 2022 pour fuir de potentiels ennuis judiciaires, Vincent Bolloré voit le continent le hanter à nouveau. En effet, le Parquet national financier a requis en juin un procès pour corruption contre l’homme d’affaires breton.

Vincent Bolloré voulait oublier l’Afrique, mais l’Afrique lui colle à la peau. En juin, le Parquet national financier (PNF) a requis un procès pour corruption active d’agent public étranger contre le milliardaire français. Le patron du groupe Lagardère est soupçonné d’avoir utilisé les services de conseil politique de sa filiale Euro RSCG (devenue Havas) pour s’assurer le contrôle des ports stratégiques de Lomé (Togo) et de Conakry (Guinée).

Vincent Bolloré aurait obtenu frauduleusement les contrats dans les ports africains

Vincent Bolloré aurait frauduleusement appuyé les campagnes présidentielles 2010 de Faure Gnassingbé (Togo) et d’Alpha Condé (Guinée), grâce à son empire financier et médiatique. En échange de ce coup de pouce, il aurait obtenu des contrats dans ces pays pour sa filiale phare de l’époque, Bolloré Africa Logistics. Il aurait également bénéficié d’avantages fiscaux. Ces manœuvres lui ont permis de consolider son emprise sur le transport maritime africain.

Son groupe Africa Logistics constituait le cœur de son empire

Vincent Bolloré, aujourd’hui 9e fortune de France, a bâti un empire tentaculaire en Afrique depuis les années 1980. Il a commencé avec une modeste entreprise familiale de papeterie avant de lancer Bolloré Africa Logistics, géant de la logistique sur le continent. Grâce à sa puissance financière, il a gagné de nombreux contrats de manière illégale avec la complicité de dirigeants africains corrompus. Son groupe employait 24 000 personnes et gérait 17 ports. Son chiffre d’affaires annuel s’élevait à 2 milliards d’euros.

Vincent Bolloré mis en examen en 2018

En 2022, contre toute logique, Vincent Bolloré a cédé son joyau à l’armateur italo-suisse MSC contre un chèque de 5,7 milliards. On pense que cette vente était motivée par la montée en puissance de la concurrence asiatique en Afrique, et surtout par les pressions judiciaires de plus en plus fortes sur lui.

Les ennuis judiciaires du riche homme d’affaires français ont débuté en 2013. Mais c’est en 2018 qu’ils se sont accélérés. Cette année-là, le propriétaire de Vivendi a été mis en examen par la justice française pour des faits de corruption en Afrique. Dans la foulée, il avait publié une tribune dans le JDD intitulé : « Faut-il abandonner l’Afrique ? ». Une analyse annonciatrice de son départ du continent.

Vincent Bolloré conteste en vain la tenue d’un procès

Pour éviter un long procès pénal, Vincent Bolloré et ses avocats avaient sollicité une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC).Malheureusement pour lui, la justice s’y est opposée préférant poursuivre l’instruction jusqu’à son terme. Un coup dur pour lui. L’industriel breton de 72 ans avait contesté jusqu’en cassation ce revers procédural, dénonçant une grave atteinte à sa présomption d’innocence. Cependant, la cour de cassation a validé en novembre dernier la procédure, ouvrant la voie à un nouveau procès pénal. Tenace, l’entrepreneur avait déposé un recours devant la CEDH.

Vers un tournant dans les relations économiques entre la France et l’Afrique ?

La justice des pays africains, elle, reste étrangement muette sur les pratiques malhonnêtes de Vincent Bolloré. On s’étonne de ce silence d’autant que des ONG et mouvements critiquent le rôle politique de l’homme d’affaires sur le continent depuis de nombreuses années. On le considérait même comme une pièce maîtresse de la fameuse Françafrique. Qu’à cela ne tienne, la justice française se montre plus déterminée. Et son obstination à vouloir faire toute la lumière sur les pratiques du groupe Bolloré en Afrique pourrait marquer un tournant dans les relations économiques entre Paris et ce continent.

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