L’annonce des législatives anticipées le 30 juin et le 7 juillet prochain inquiète de nombreux politiques, mais également le patronat. Les chefs d’entreprise craignent que l’extrême droite l’emporte et impose un programme de rupture brutale. Mais ils tentent de se rassurer en affirmant que le parti de Marine Le Pen saura se responsabiliser une fois aux affaires.
Le Rassemblement National (RN) a remporté dimanche les élections européennes, avec 31,37 % des suffrages exprimés. Sa liste conduite par Jordan Bardella a devancé, et de très loin, Renaissance de Valérie Hayer (14,6 %) et le Parti socialiste de Raphaël Glucksmann (13,83). Il rafle pour l’occasion 30 des 81 sièges accordés à la France au Parlement européen.
Des manifestations contre le RN dans toute la France
Cette victoire du RN sème la peur et la panique en France. Les syndicats et les étudiants ont manifesté lundi soir dans plusieurs villes. Ils annoncent de nouveaux rassemblant ce weekend pour faire barrage au Rassemblement National. Quant aux partis de gauche, ils annoncent un front commun contre l’extrême droite lors des législatives du 30 juin et du 7 juillet prochain.
Les législatives anticipées, une mauvaise idée pour le patronat
Ces législatives anticipées, annoncées par Emmanuel Macron, après le score lamentable de Renaissance, n’enchantent guère les politiques de gauche et ceux de la majorité. Ceux-ci y voient une décision risquée. Ils pensent que le président de la République donne l’occasion au RN de prendre le pouvoir et d’imposer son programme économique qualifié de « marxiste » par Bruno Le Maire.
Les chefs d’entreprises refusent pour la plupart de prendre position
Ce mardi, le ministre de l’Economie a appelé les chefs d’entreprise à prendre position contre le Rassemblement National. Selon lui, si le programme de ce parti passe, on devrait fermer nos usines et supprimer des emplois. La France ferait aussi face à une hausse considérable de sa dette. Mais les chefs d’entreprise refusent de se prononcer, mêmes s’ils disent soutenir les « partis pro-européens ». Ils admettent s’inquiéter des conséquences potentielles du programme économique du RN.
Vives inquiétudes du patronat sur les questions d’immigration et de retraites
Le Medef (qui rassemblent les grandes entreprises), la CPME (petites et moyennes entreprises) et l’U2P (entreprises de proximité) portent en particulier leurs préoccupations sur la politique d’immigration restrictive de Marine Le Pen, alors que la France a besoin actuellement de main-d’œuvre. Les organisations patronales redoutent aussi la retraite à 60 ans. Cette mesure coûterait cher, jusqu’à 30 milliards en cas de réforme sur les retraites complémentaires.
Le patronat essaie de garder la tête froide
La CPME a déclaré que « quiconque engagerait des réformes coûteuses sans prendre en compte cet élément exposerait la France à un risque majeur ». Malgré la peur de l’inconnu qui les anime, les patrons essaient de garder la tête froide et de se convaincre que le RN se laissera conduire par le bon sens. « Tout le monde veut renverser la table mais, une fois au pouvoir, les responsabilités, ça responsabilise ! », file un chef d’entreprise.
Marine Le Pen rentrera-t-elle dans le rang comme Georgia Meloni ?
Effectivement, le pouvoir contient souvent la fougue réformiste des leaders populistes et nationalistes. En Italie, par exemple, Georgia Meloni est pratiquement rentrée dans les rangs, alors que les médias et certains politiques prédisaient un chamboulement catastrophique. Il n’y aurait donc pas matière à paniquer. Mais au niveau de la majorité, on craint que quelques patrons rejoignent le RN en cas de score élevé en juillet. Le mercato politique pourrait sonner le début de la fin pour Renaissance.