En Nouvelle-Calédonie, l’examen d’une réforme constitutionnelle a déclenché une série de violences, principalement dans la capitale Nouméa et ses environs. Les émeutiers ont pillé et incendié des commerces, aggravant la situation économique déjà catastrophique de l’archipel.
En Nouvelle-Calédonie, des émeutes ont éclaté lundi, puis se sont poursuivis mardi. Des centaines de jeunes gens surexcités ont affronté les forces de l’ordre à Nouméa, mais aussi dans les villes proches de Dumbéa et du Mont-Dore. Ils se sont également attaqués à des commerces, des usines et des entreprises.
Une réforme constitutionnelle à l’origine des émeutes en Nouvelle-Calédonie
Selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, des dizaines de personnes ont été interpellées et trois individus ont trouvé la mort dans les affrontements. Il y a eu également des centaines de blessés, dont 54 gendarmes et policiers du Raid et de la CRS 8. Les émeutes ont éclaté en marge de l’adoption d’une réforme constitutionnelle. Celle-ci élargit le corps électoral propre aux élections provinciales aux habitants venus de France récemment.
La population autochtone de la Nouvelle-Calédonie redoute un déséquilibre du corps électoral
Depuis 1998, en vertu de l’accord de Nouméa, seuls les natifs et les résidents de longue date de la Nouvelle-Calédonie peuvent participer aux élections provinciales et aux référendums locaux. Cette mesure vise à préserver l’équilibre entre la population autochtone kanake et les nouveaux venus de France métropolitaine. D’après un recensement de 2019, les natifs représentent 41,2 % de la population de l’archipel estimée à 270.000 individus.
Un accord global toujours possible
Si le texte adopté mardi par les députés fait courir le risque d’une nouvelle flambée de violences, il existe encore un mince espoir pour apaiser les esprits. En effet, la réforme constitutionnelle doit encore être votée aux trois cinquièmes des voix par les parlementaires réunis en Congrès à Versailles. Même en cas de passage, un accord global sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie pourrait être trouvé localement d’ici au 1er juillet 2024. Ce qui permettrait de suspendre la révision constitutionnelle.
Des appels au calme lancés par les autorités et les organisations canaques
Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a lancé mardi un appel au calme et décrété un couvre-feu. Le président Emmanuel Macron a invité les parties au dialogue pour éviter le pire car au moins 150.000 armes circuleraient sur le Caillou. Le Front de libération kanak socialiste (FLNKS) et la cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), à l’origine de la mobilisation, ont aussi appelé à la retenue les jeunes gens. Mais ceux-ci sont devenus incontrôlables.
Vers une dégradation de la situation économique de la Nouvelle-Calédonie
De nouvelles destructions provoqueraient la perte de milliers d’emplois et aggraveraient la situation économique de la Nouvelle-Calédonie. L’archipel est confronté à de fortes inégalités économiques. Un habitant sur cinq (51.000 personnes) vit sous le seuil de pauvreté, d’après une étude de l’Institut de la statistique et des études économiques (Isee). Et 26% des jeunes subissent le chômage chronique.
Un Calédonien sur cinq vit sous le seuil de pauvreté
Selon une étude de l’Insee, publiée en septembre 2023, la Nouvelle-Calédonie est également le territoire ultramarin le plus cher. Son écart de niveau de prix à la consommation avec l’Hexagone s’élève à 31% et même à 78% pour les seuls produits alimentaires. Ces difficultés économiques sont en grande partie dues à la crise dans la filière du nickel, principal pourvoyeur d’emplois. Le gouvernement a annoncé en mars un plan de sauvetage. Mais celui-ci ne pas l’unanimité sur place.