Tidjane Thiam, ex DG du Crédit Suisse, vient d’être porté à la tête du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Ce qui lui permet d’envisager une candidature à la prochaine présidentielle. Il ne cache d’ailleurs plus son intention de succéder à Alassane Ouattara, qui n’a pas encore dit qu’il prenait sa retraite en 2025.
Le vendredi 22 décembre, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) a élu Tidjane Thiam à sa tête lors d’un congrès à la fondation Félix Houphouët Boigny de Yamoussoukro, la capitale politique du pays. L’ex banquier franco-ivoirien a obtenu 96,48 % des voix contre seulement 3,23 % pour Jean-Marc Yacé, maire de la Commune de Cocody. Un plébiscite qui témoigne de sa popularité au sein du vieux parti (fondé en 1946).
Tidjane Thiam prépare déjà la présidentielle
En prenant la présidence du PDCI, Tidjane Thiam devient le troisième président élu de l’histoire de cette formation politique, après le père de la nation ivoirienne Félix Houphouët Boigny et Henri Konan Bédié, décédé en août dernier. Lors de son discours de victoire, l’ancien patron du Crédit Suisse a déclaré que 2025 sera une année électorale cruciale pour le parti et que celui-ci devra être prêt. « Nous devons préparer cette échéance dès demain matin », a-t-il lancé.
Le PDCI rêve d’un retour au pouvoir
Tidjane Thiam promet ainsi de remettre en état de marche le PDCI, qui a perdu le pouvoir en 1999 après quarante ans de règne sans partage. Le 25 décembre de cette année-là, le Général Robert Guei avait déposé le président Henri Konan Bédié devenu impopulaire. Le PDCI rêve donc de revenir au pouvoir en 2025 avec une nouvelle figure politique, qui plus est, plus jeune (62 ans) par rapport aux autres leaders. En cas de retrait d’Alassane Ouattara, chef du fil du RHDP, il pourrait avoir de fortes chances de remporter la présidentielle.
Tidjane Thiam, potentiel candidat de l’opposition
Mais il faudra pour cela fédérer l’opposition, et en particulier avoir le soutien du Parti des Peuples de Côte d’Ivoire (PPACI) de l’ex président ivoirien Laurent Gabgbo. Il se raconte que ce dernier ne se présentera pas en raison notamment de son état physique. Toutefois, le chef de l’Etat actuel, Alassane Ouattara, pourrait briguer un 4e mandat, lui qui a modifié la Constitution en 2016 pour justement dépasser la limite des deux mandats. Malgré tout, le président du PDCI aura ses chances si l’opposition s’unit autour de lui.
Tidjane Thiam a un profil séduisant
Tidjane Thiam représente une alternative crédible pour une bonne partie des Ivoiriens. Ceux-ci sont fatigués des querelles éternelles entre les « trois grands » (aujourd’hui deux, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, après le décès d’Henri Konan Bédié). L’ex banquier bénéficie d’une certaine virginité politique pour n’avoir pas pris part à la sanglante crise ivoirienne. De plus, il a un profil séduisant en tant que premier Ivoirien à entrer à Polytechnique (France), premier Ivoirien Major des Mines en 1986, premier dirigeant noir à la tête d’une grande banque occidentale (Crédit Suisse).
Un homme de conviction
On notera aussi son passage au cabinet McKinsey ainsi qu’à la direction générale des assureurs Aviva et Prudential. Avant cette brillante carrière dans la finance, Thiam avait été rappelé en 1994 par l’Etat de Côte d’Ivoire pour prendre la tête du Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD) en charge des grands chantiers. Il n’avait que 31 ans. En 1998, il fut nommé ministre du Plan par Henri Kona Bédié. Mais en décembre 1999, à la suite du putsch du Gal Robert Guei, il quitta le pays après avoir refusé des postes. C’est donc un homme de conviction. Une qualité qui manque à de nombreux politiciens ivoiriens.