L’industriel breton est sommé par la justice française de verser 140 000 euros à 145 paysans victimes de ses actions dans le cadre de la production d’huile de palme au Cameroun.
Cela pourrait s’assimiler à l’issue d’un match entre David et Goliath. Vincent Bolloré, capitaine d’industrie, un des hommes les plus riches et les plus influents de France, a été mis au pas par un groupement de paysans basés au Cameroun.
Ces derniers ont en effet obtenu gain de cause dans le cadre d’une procédure intentée devant la justice française contre l’homme d’affaires. Celui-ci est ainsi condamné à payer 140 000 euros à ces plaignants au nombre de 150.
En cause, la violation par le groupe Bolloré à travers la Société financière des caoutchoucs (Socfin) dont il détient 40% des parts, de la loi française sur le devoir de vigilance des multinationales.
Droits bafoués
La législation adoptée en 2017 impose comme son nom l’indique, aux grandes entreprises françaises, de mettre en place des mesures de vigilance afin de prévenir les atteintes aux droits humains et à l’environnement résultant de leurs activités ainsi que de leurs filiales et sous-traitants.
Or les paysans en activité près des 58 000 hectares de plantations d’hévéas destinées à la production de l’huile de palme accusent la Société camerounaise de palmeraies (Socapalm) filiale de la Socfin d’avoir failli à cette obligation en rendant notamment leurs terres infertiles.
« C’est la première victoire concrète de plaignants depuis la loi », se réjouit Fiodor Rilov, avocat des accusateurs de Bolloré, dans des propos rapportés par le journal Libération. Cette décision judiciaire est d’autant plus significative qu’elle survient 15 ans après les premières plaintes formulées contre l’industriel français.
Procédure en cours
Le conflit remonte en effet à 2008 avec des accusations de non-respect des engagements concédés aux paysans concernés par la Socfin. La présente décision du juge de l’exécution des peines de Nanterre ne représente ainsi que la première étape d’un long bras de fer.
Car d’autres griefs formulés contre Vincent Bolloré doivent prochainement faire l’objet de l’examen de la justice. Y compris au Cameroun où se joue également une partie de cette bataille judiciaire et par ailleurs politique en raison de la mauvaise image de l’accusé au sein de l’opinion publique africaine.
Une autre procédure est par ailleurs en cours contre l’intéressé pour ses activités au Cambodge. Avec une décision attendue probablement pour 2024.