Eva Kaili, l’eurodéputée grecque et vice-présidente du Parlement européen, a été inculpée cette semaine pour appartenance à une organisation criminelle, blanchiment d’argent et corruption au sein du Parlement européen au profit du Qatar. Tandis que l’accusé rejette ces accusations, des voix s’élèvent pour dénoncer la corruption généralisée au sein même de l’Union européenne.
La démocratie européenne attaquée
Quatre personnes, dont l’eurodéputée grecque et vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili, ont été inculpées puis écrouées cette semaine par la justice belge pour corruption et blanchiment d’argent au profit du Qatar. Lors de son arrestation vendredi dernier, Eva Kaili détenait des sacs de billets, selon la police belge. Son père aurait également été surpris à l’hôtel Sofitel de Bruxelles en train de transporter de l’argent liquide dans une valise.
Considérant qu’une telle découverte constituait un flagrant délit, les enquêteurs et le juge d’instruction belges ont effectué une perquisition au domicile d’Eva Kaili sans requérir la levée de son immunité parlementaire. Celle-ci a été retirée à l’eurodéputée mardi, à l’initiative de Roberta Metsola, la présidente du Parlement européen. La députée Maltaise a exprimé sa consternation en déclarant que « la démocratie européenne est attaquée ». Elle a promis de secouer le Parlement européen comme un cocotier pour démanteler tout le réseau de corrupteurs.
La partie visible de l’iceberg ?
Mis devant les faits, Eva Kaili a soutenu qu’elle n’a rien à voir avec les pots-de-vin du Qatar. Son avocat Michalis Dimitrakopoulos affirme que sa cliente « n’est pas fugitive ou suspecte pour autre infraction ». Il assure qu’elle va lutter pour prouver son innocence et que « seul son compagnon (l’Italien Francesco Giorgi avec qui elle vivait) » pouvait fournir « des réponses sur l’existence de cet argent ». Cet amant fait partie des trois autres personnes écrouées dans cette enquête.
En Grèce, Eva Kaili est perçu par ses compatriotes comme une élue probe. Les Grecs la considèrent, dans leur majorité, comme une victime de la corruption à grande échelle dans l’Union européenne. Ce que l’on sait, c’est que l’eurodéputée faisait partie de la délégation bruxelloise chargée de développer les relations de l’UE avec les pays du Golfe. C’est dans ce cadre qu’elle a rejoint le Qatar, début novembre, peu avant le début de la Coupe du monde de football. Jusqu’alors, elle défendait ouvertement l’émirat gazier…sans qu’on ne trouve à redire.
Les instances européennes sous l’influence de lobbys ?
Et aujourd’hui, curieusement, l’affaire du Qatargate éclate alors que l’Europe appelle au boycott de la Coupe du monde, attribuée à la dictature du Golfe depuis plus de dix ans. Il s’agirait d’une hypocrisie née de la dégradation des relations entre l’UE et Doha. Certaines voix s’élèvent même pour rappeler à quel point les instances européennes sont sous l’influence de lobbys parfois corrupteurs qui font évoluer en leur faveur les législations européennes. On pense désormais que la députée grecque Eva Kaili n’est que le mouton de sacrifie d’une élite européenne corrompue jusqu’à la moelle des os.