Le géant immobilier longtemps symbole de la politique d’urbanisation chinoise est aujourd’hui criblée de dettes. Au point de menacer la stabilité économique du pays.
Ou comment passer de modèle de réussite à la faillite en moins de trois décennies. Ainsi pourrait se résumer le triste sort d’Evergrande actuellement. L’entreprise immobilière privée, une des plus grandes au monde, est aujourd’hui à l’opposé de tout ce qui avait prédestiné à sa création en 1996. Une naissance opportune puisqu’elle intervenait en plein déploiement par la Chine d’une politique d’urbanisation tentaculaire. De quoi permettre à la firme de Shenzhen de se positionner très vite comme un acteur clé du secteur de l’immobilier. Il s’en est suivi la réalisation de plusieurs centaines de projets à travers le pays sous la protection de l’État communiste. Notamment vis-à-vis des banques et autres investisseurs.
Dopé par ce succès, le groupe s’est même risqué depuis dix ans à une stratégie de diversification. De l’immobilier, ses activités s’étendent désormais au football où il détient un club plusieurs fois champion de Chine – le Guangzhou FC –, à la tech avec des investissements dans des services de streaming, sans oublier les centres commerciaux. Tout un éventail d’activités destinées dans le but de demeurer dans les bonnes grâces des pouvoirs publics.
Du rêve au cauchemar
Mais l’état de grâce ne durera pas longtemps. La Chine engagée dans une refonte de sa politique monétaire depuis quelques années, a changé de fusil d’épaule envers les entreprises privées fussent-elles championnes nationales. Entre-temps, l’immobilier a cessé d’être un secteur porteur dans le pays. Conséquence, Evergrande se retrouve dans une situation terrible. En manque de liquidités et privé du soutien financier des banques, la société croule sous une dette estimée à plus de 300 milliards de dollars, dont 15 milliards de dollars à éponger d’ici la fin de l’année. Et pour ne rien arranger, l’entreprise a perdu la confiance des marchés financiers après les dévaluations successives de sa note par les principales agences de notation ces derniers mois.
Le spectre de la faillite
Cette situation de défaut de paiement rend de plus en plus plausible l’hypothèse d’une faillite d’Evergrande. Au grand dam de Pékin dont l’économie court de forts risques d’en pâtir dans une large proportion. Et cette perspective, par un effet d’entraînement, pourrait amener les banques du pays à ne plus prêter au privé afin de préserver leurs créances. Reste une solution possible : le renflouement de la firme par l’État. Mais les observateurs voient mal l’Empire du Milieu s’y consentir pour l’instant.
Quel sacré casse-tête !