La femme de 37 ans est jugée depuis le 8 septembre pour douze différents chefs d’accusation, dont ceux d’escroquerie et de fraude, pour avoir menti sur les capacités de son entreprise, Theranos. Retour sur un des plus retentissants scandales de la Silicon Valley.
Triste image que celle d’Elizabeth Holmes, le visage dissimulé derrière un masque, arrivant mercredi 8 septembre dans un tribunal californien entourée de ses avocats. Celle qui, il y a quelques années à peine, faisait la Une des plus prestigieux médias, se retrouve pour les trois prochaines semaines dans le box des accusés et pourrait finir en prison. La jeune femme de 37 ans est en effet en proie à des accusations de fraude et d’escroquerie pour son rôle dans ce qu’il convient d’appeler désormais le scandale Theranos, de son ancienne entreprise.
Pour comprendre cette affaire, il faut remonter à 2003. Elisabeth Holmes alors âgée de 19 ans, abandonne les bancs de l’université pour mettre sur pied Theranos. La cible de cette startup ? Le secteur de l’analyse médicale qu’elle ambitionne de révolutionner grâce à une technologie susceptible de réaliser jusqu’à 200 tests différents uniquement grâce à de petites gouttes de sang. Fini donc les longs tubes de prise de sang dans les laboratoires.
L’Everest
L’idée séduit très vite l’univers de la tech et bien au-delà. Les financements affluent pour cette entreprise naissante de la part de personnalité comme Rupert Murdoch, Carlos Slim ou encore Don Lucas. Theranos lève dans la foulée 700 millions de dollars de fonds et vaut en 2013, 9 milliards de dollars. Sa fondatrice elle, s’ouvre les portes des plus célèbres milieux. Elle est comparée à Steve Jobs ou encore à Mark Zuckerberg. Le magazine spécialisé Forbes, lui attribue une fortune estimée à 3,6 milliards de dollars. Ce qui fait d’elle, à 31 ans, la plus jeune milliardaire selfmade woman de la planète.
…puis la chute
Symbole du succès, Elisabeth Holmes multiplie les conférences et autres apparitions mondaines. Jusqu’en 2015 et la chute du mythe. Une enquête du Wall Street Journal révèle en effet cette année-là que Theranos aurait été bâtie sur un mensonge et sa technologie est une vaste supercherie. C’est le début des ennuis pour sa patronne accablée par les plaintes, celle de mise en danger de la vie d’autrui entre autres.
À l’ouverture de son procès, l’accusée qui encourt jusqu’à 20 ans d’emprisonnement, plaide non-coupable. Sa ligne de défense ? L’influence négative qu’aurait exercé son ancien chef des opérations qui était en même temps son amant sur sa personne à l’époque. L’intéressé doit également être jugé dans un procès séparé.