Le spécialiste de l’optique EssilorLuxottica a annoncé samedi avoir engagé des poursuites judiciaires pour obtenir des informations auprès de GrandVision sur sa gestion pendant la crise du Covid-19. GrandVision a dit désapprouver la demande de son acquéreur et a exprimé son optimisme sur ses chances de voir la justice rejeter la requête.
Le leader mondial de l’optique EssilorLuxottica a annoncé samedi avoir saisi un tribunal de Rotterdam (Pays-Bas) pour exiger des informations sur l’impact de la crise du coronavirus de la part du distributeur d’optique néerlandais GrandVision, qu’il souhaite racheter. « Malgré plusieurs demandes en ce sens, GrandVision n’a pas apporté (…) de façon volontaire » les informations qu’EssilorLuxottica lui demandait sur « la marche de ses affaires pendant la crise du Covid-19 », a indiqué Essilor-Luxottica dans un communiqué.
Cette situation « ne laisse à EssilorLuxottica d’autre option que celle d’engager des poursuites judiciaires », a ajouté le géant franco-italien. Dans un communiqué, GrandVision a dit « désapprouver » la décision de son acquereur et exprimé son optimisme sur ses chances de voir la justice rejeter sa requête. Cette action judiciaire risque-t-elle de remettre en cause le rachat de GrandVision par EssilorLuxoticca ?
GrandVision valorisé à 7,2 milliards d’euros en cas de rachat
EssilorLuxottica avait annoncé en juillet 2019 son intention d’acquérir les 76,72% de participation de HAL Holding N.V. (détenue par la famille Van der Vorm, deuxième fortune néerlandaise) dans le capital de GrandVision à un prix par action de 28 euros, valorisant la société néerlandaise à 7,2 milliards d’euros. Le groupe s’était par ailleurs engagé à relever le prix de son offre de 1,5% si l’acquisition ne se réalisait pas dans un délai de 12 mois à compter de cette annonce. EssilorLuxottica est lui-même issu d’une tumultueuse fusion conclue en octobre 2018 entre le français Essilor, leader mondial des verres ophtalmiques, et l’italien Luxottica, numéro un des montures de marques prestigieuses comme Prada, Chanel et Ray-Ban.
Avec cette opération, EssilorLuxottica, qui possède déjà 9.100 magasins de détail dans le monde, pourrait mettre la main sur plus de 7.000 nouveaux magasins de GrandVision dans plus de 40 pays en Europe, en Amérique du nord, en Amérique latine et en Asie.
Un verdict attendu en août sur cette acquisition
La Commission européenne a ouvert en février une enquête approfondie sur cette opération, s’inquiétant des conséquences pour le consommateur européen de cette fusion entre géants. La Commission redoute que ce rachat aboutisse à une réduction de la concurrence sur le marché de gros pour les lunettes et les lentilles ainsi que sur le marché de détail des produits d’optiques. EssilorLuxotticca reste le « premier fournisseur mondial d’articles de lunetterie et GrandVision la plus grande chaîne européenne de vente au détail d’articles optiques », avait rappelé Margrethe Vestager, la commissaire à la Concurrence, lors de l’ouverture de l’enquête approfondie.
La Commission se donne jusqu’au 13 août pour rendre son verdict sur cette opération.