Aux États-Unis, le mystère des donateurs du ballroom présidentiel

La révélation des donateurs du somptueux projet de salle de réception voulu par Donald Trump à la Maison-Blanche alimente les soupçons d’échanges d’avantages et de conflits d’intérêts.

Mais qui finance les 300 millions de dollars nécessaires au ballroom imaginé par Donald Trump à la Maison-Blanche ? Prévue pour accueillir 999 convives, cette salle de réception doit prendre place sur le site désormais rasé de l’aile Est, un projet cher au président américain.

En tant qu’ancien magnat de l’immobilier, le dirigeant républicain y voit une manière de laisser sa marque sur la demeure présidentielle. D’où son implication personnelle dans les moindres détails. Il a ainsi exigé un lieu à son image, avec dorures, colonnes et lustres dignes de Mar-a-Lago, son luxueux domaine situé à Palm Beach, en Floride.

Mais au-delà de la controverse liée à la destruction d’un espace jugé symbolique par de nombreux historiens, le projet suscite des interrogations. Présenté comme un « cadeau » au peuple américain, il repose en réalité sur un réseau de mécènes corporatifs et particuliers longtemps restés anonymes, jusqu’à la diffusion de leur liste le 23 octobre 2025.

Des mécènes aux intérêts bien placés

On y retrouve 37 noms, parmi lesquels des poids lourds de la Silicon Valley comme Google, Apple, Meta, Microsoft ou HP, mais aussi des géants de la défense tels que Lockheed Martin, de grands conglomérats médiatiques, ainsi que les jumeaux Winklevoss, entre autres.

Des contributions colossales regroupées sous l’égide du Trust for the National Mall, une organisation à but non lucratif censée superviser des projets publics. De quoi interroger sur la nature exacte de ces dons.

S’agit-il d’élans philanthropiques désintéressés ou d’une stratégie pour se rapprocher du pouvoir ? Plusieurs de ces entreprises, qui entretiennent des liens économiques ou réglementaires étroits avec l’État fédéral, auraient-elles subi une pression implicite pour participer ?

Quid de la contribution personnelle du président Trump, qui reste entourée de mystère. D’après les rares éléments disponibles, il aurait réinvesti des fonds issus d’un règlement avec YouTube, après sa suspension de la plateforme à la suite des événements du 6 janvier.

Quand le financement alimente la méfiance

D’après le Washington Post, de nombreux experts en éthique et responsables politiques s’inquiètent de voir des entreprises privées et des milliardaires contribuer massivement à un projet présidentiel, alors même qu’ils entretiennent des intérêts directs avec l’administration.

« On ne veut pas que l’administration devienne une machine à extorquer des fonds aux entreprises privées pour ses projets favoris », dénonce Claire Finkelstein, spécialiste du droit et de l’éthique, dans le quotidien de la capitale.

De leur côté, les démocrates de plusieurs commissions mettent en garde contre la tentation de contourner l’argent public en sollicitant des financements privés non encadrés. Ils exigent des détails sur le projet et sur les éventuelles promesses faites aux donateurs.

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