Le géant du divertissement est pris dans un étau depuis la suspension de Jimmy Kimmel. Cette situation illustre les fractures d’une société américaine profondément divisée.
Conspué par la gauche, menacé par la droite, Disney ne sait plus sur quel pied danser aux États-Unis. La décision d’ABC de retirer indéfiniment Jimmy Kimmel des ondes a plongé l’entreprise au cœur d’une nouvelle bataille politique sans merci.
L’affaire débute mercredi 17 septembre lorsque la chaîne de télévision annonce officiellement la suspension du très populaire talk-show « Jimmy Kimmel Live! » pour une durée indéterminée, suite aux commentaires de l’animateur sur l’assassinat de Charlie Kirk.
« Le gang MAGA essaie désespérément de présenter ce gamin qui a tué Charlie Kirk comme autre chose qu’un des leurs et fait tout pour marquer des points politiques avec ça », avait déclaré Kimmel deux jours plus tôt dans son émission, en référence à l’assassinat de l’activiste conservateur très populaire au sein de la galaxie proche de Donald Trump.
Les messages du suspect Tyler Robinson, publiés par les autorités, révèlent qu’il avait ciblé Kirk parce qu’il « en avait assez de sa haine ». Cette suspension intervenue quelques heures après que le président de la Commission fédérale des communications, Brendan Carr, ait menacé de « prendre des mesures » contre Disney et ABC, a rouvert le débat sur la liberté d’expression sous l’administration Trump.
Une avalanche de réactions contradictoires
De nombreuses voix accusent en effet les Républicains autrefois grands défenseurs de ce principe d’étouffer toute voix discordante. D’autant que le président est allé lui-même de ses menaces contre Disney.
La réaction du public ne s’est pas fait attendre. Depuis, les appels au boycott se multiplient avec une intensité remarquable. Sur les réseaux sociaux, les utilisateurs encouragent massivement à se désabonner de Disney+, à annuler les voyages dans les parcs à thème et les croisières prévues avec le groupe.
Damon Lindelof, créateur de la série culte « Lost », a annoncé sur Instagram qu’il refuserait de travailler avec Disney tant que la suspension de Kimmel ne serait pas levée.
Le sénateur Ted Cruz, pourtant républicain, a qualifié d' »incroyablement dangereuses » les menaces du président de la Commission fédérale des communications (FCC), Brendan Carr, contre les licences des affiliés ABC.
Disney, otage de la polarisation américaine
Bien que les chiffres exacts du boycott restent difficiles à confirmer, les premiers indicateurs suggèrent un impact économique réel. Le titre de la Walt Disney Company a ainsi enregistré une baisse de 0,67% mercredi dernier, jour de l’annonce de la suspension.
Cette nouvelle crise s’inscrit dans une série de controverses politiques qui ont secoué Disney ces dernières années. En 2024, la compagnie avait réglé un contentieux avec le gouverneur de Floride Ron DeSantis après s’être opposée au projet de loi « Don’t Say Gay ».
Plus récemment, Disney a versé 15 millions de dollars à Trump pour clore un procès en diffamation.