Exxon Mobil vise un come-back en Russie

Le géant pétrolier américain multiplie les négociations secrètes pour reprendre ses activités dans le pays qu’il avait dû abandonner en 2022 après le déclenchement du conflit ukrainien.

Le vendredi 15 août 2025, en marge de la rencontre historique entre Donald Trump et Vladimir Poutine en Alaska dans le cadre des négociations pour un cessez-le-feu dans la guerre russo-ukrainienne, le président russe déclarait que son pays et les États-Unis pourraient intensifier leurs échanges commerciaux, particulièrement dans la région du Pacifique.

La réponse de Trump fut aussi laconique qu’éloquente : « Nous avons hâte de faire des affaires ». Ce bref échange, apparemment anodin, cachait en réalité des négociations bien plus complexes et stratégiques, comme en témoigne la récente révélation du Wall Street Journal (WSJ).

Selon le quotidien américain, Exxon Mobil mène depuis plusieurs mois des discussions confidentielles avec Rosneft, le géant énergétique d’État russe, dans le but de reprendre les opérations pétrolières et gazières dans l’Extrême-Orient russe.

Le PDG Darren Woods aurait même personnellement évoqué la question avec Donald Trump lors d’une rencontre à la Maison Blanche. Ces discussions ultrasecrètes n’impliquent qu’un cercle restreint de dirigeants du géant pétrolier américain, menées par le vice-président senior Neil Chapman.

Sakhalin-1 : de joyau à symbole d’une rupture amère

Pour comprendre les enjeux de ces négociations, il faut revenir à l’histoire tumultueuse du projet Sakhalin-1. Autrefois considéré comme un joyau dans le portefeuille d’Exxon – représentant environ 3% de la production pétrolière du groupe – ce champ pétrolier situé au large de l’île de Sakhalin dans l’océan Pacifique était détenu à 30% par la firme texane.

Jusqu’à l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022 qui a bouleversé la donne. Sous la pression des sanctions internationales et de l’opinion publique, Exxon, comme pratiquement toutes les compagnies pétrolières occidentales, s’est en effet retiré de Russie, tout en dépréciant ses actifs à hauteur de plus de 4 milliards de dollars.

Parallèlement, le groupe a vu sa tentative de vendre sa participation bloquer par le Kremlin. Dans un geste de rétorsion, les autorités russes ont fini par exproprier l’actif, transformant une séparation déjà difficile en une rupture totalement conflictuelle.

Un retournement de situation pas si surprenant

Trois années plus tard, les cartes semblent redistribuées. Même si, ironiquement, c’est désormais le Kremlin qui courtise Exxon pour un retour. Cette volte-face s’explique par les réalités économiques et stratégiques auxquelles fait face la Russie.

Malgré ses immenses réserves énergétiques, le pays a besoin de capitaux occidentaux et surtout de technologies avancées – surtout de ce contexte de sanctions internationales – pour exploiter efficacement ses gisements, particulièrement dans des environnements difficiles comme l’Arctique.

Pour Exxon Mobil, un retour dans la région représente la promesse de profits se chiffrant en dizaines de milliards de dollars sur le long terme. Reste qu’un accord de paix entre la Russie et l’Ukraine représente le seul vrai gage pour que ce retour puisse se matérialiser, selon le WSJ.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.