Le milliardaire de 43 ans cultive l’art du secret aussi bien que l’activité promue par OnlyFans, sa société réputée pour héberger, en toute discrétion, des contenus destinés à un public en quête d’intimité virtuelle.
Tapez son nom sur Google et il n’en ressort que quelques éléments épars qui alimentent sa légende, celle d’un homme discret dont il n’existe à ce jour qu’une seule photo en ligne. Parmi les patrons d’entreprise rompus au culte de la discrétion, Leo Radvinsky excelle particulièrement.
Peu adepte de l’exposition médiatique, cet homme né en Union soviétique et immigré enfant à Chicago ne donne jamais d’interview et n’apparaît quasiment jamais en public. À quelques exceptions près, comme en 2024 lors d’un gala pour une fondation de recherche médicale.
L’événement auquel sa femme Katie Chudnovsky participait a permis d’en apprendre davantage sur la générosité philanthropique de 23 millions de dollars du couple marié depuis 2008. Mais sa trace vidéo a été supprimée sitôt mentionnée par le Wall Street Journal (WSJ) dans le cadre du portrait consacré par le quotidien américain à Radvinsky.
Qui est donc cet homme derrière OnlyFans, la célèbre plateforme permettant aux créateurs – notamment les travailleurs du sexe – de monétiser leurs contenus auprès de leurs fans ?
L’ascension d’un entrepreneur de l’ombre
Les débuts de Leo Radvinsky, dont la fortune est estimée à plus de quatre milliards de dollars par Forbes, remontent au lycée Glenbrook South, dans la banlieue chic de Glenview aux États-Unis. Déjà adolescent, ce passionné d’échecs avait flairé le potentiel commercial du côté sulfureux d’internet.
Dès 1999, alors qu’il était encore mineur, le jeune Leo lance « Ultimate Passwords« , une plateforme prétendant offrir des mots de passe piratés pour accéder à des sites pornographiques.
Cinq ans plus tard, Radvinsky crée MyFreeCams, pionnier du « camming », terme désignant ces performances live où les modèles mélangent conversations décontractées et contenu explicite payant. C’était les prémices de ce qui deviendrait le modèle OnlyFans.
Avec plus de 300 millions d’utilisateurs, cette entreprise qui n’emploie que quelques dizaines de salariés et ne porte aucune enseigne à son adresse londonienne, a créé l’illusion séduisante – et rentable – de l’intimité digitale.
Un empire à huit milliards de dollars
Le modèle d’OnlyFans que Leo Radvinsky a racheté en 2018, alors que la société était encore inconnue du grand public, consiste à prélever 20% de commission sur tous les fonds générés par les contenus hébergés sur la plateforme.
Les abonnés paient pour des souscriptions, des vidéos à la carte et des interactions personnalisées avec leurs créateurs favoris. Cette répartition a permis à Radvinsky d’empocher près de 1,3 milliard de dollars en dividendes sur les cinq dernières années d’après le WSJ.
Sous sa direction, les revenus ont explosé, passant de quelques millions à 308 millions de dollars dès la première année. Une ascension propulsée par la crise du Covid, quand la plateforme gagnait 300 000 nouveaux utilisateurs chaque jour en 2021.
Alors que Radvinsky cherche à vendre son empire pour huit milliards de dollars, Reuters a révélé dans une enquête approfondie de 2024 que du contenu d’abus sexuel d’enfants et de la pornographie non consensuelle circulaient sur le site.