Bernard Arnault se retire du capital du groupe Lagardère, laissant Vincent Bolloré seul aux commandes de cet empire médiatique qui échappe désormais à la famille fondatrice.
Bernard Arnault tourne une page importante de ses investissements médiatiques. Le patron de LVMH a cédé mercredi 11 juin ses 8 % de Lagardère pour 271 millions d’euros, selon un avis de l’Autorité des marchés financiers.
Le repreneur n’est autre que Vicent Bolloré, qui voit ses parts dans ce groupe familial fondé par Jean-Luc Lagardère, bondir à plus de 75 % désormais. De quoi en faire le seul grand maître à bord.
Autrefois contrôlé par l’héritier Arnaud, ce groupe médiatique (Europe 1, Le Journal du Dimanche, les éditions Hachette…) a échappé au contrôle familial en 2024, suite à l’offre publique d’achat lancée deux ans plus tôt par Vivendi.
Arnaud Lagardère, mis en examen pour « abus de biens sociaux, présentation de comptes inexacts et non-dépôt de comptes », et confronté à de lourdes difficultés financières, avait ainsi été contraint de céder ses parts pour éponger ses dettes (150 millions d’euros dus à la BNP, entre autres).
Une sortie dorée pour le patron de LVMH
Pour Bernard Arnault, cette cession représente une excellente affaire financière. Selon le site d’information La Lettre, ses parts ont été rachetées à 24,10 euros l’action, soit un prix nettement supérieur aux cours de Bourse qui oscillaient entre 19 et 22 euros depuis le début de l’année.
Un gain substantiel par rapport aux quelque 80 millions d’euros investis en septembre 2020. Pourtant, son entrée au capital n’était pas motivée par l’appât du gain. Bernard Arnault y avait vu l’occasion de voler au secours d’Arnaud Lagardère, alors en conflit ouvert avec le fonds activiste Amber Capital (18% du capital).
Une intervention motivée par son amitié pour Jean-Luc Lagardère, le père d’Arnaud, dont il avait d’ailleurs racheté l’hôtel particulier parisien à la veuve. Cerise sur le gâteau : sa présence au capital lui a permis d’acquérir Paris Match pour 120 millions d’euros fin 2024, trois ans après une première tentative infructueuse.
L’empire toujours plus important de Bolloré
L’hégémonie de Vincent Bolloré au sein de Lagardère est donc désormais totale. Qatar Holding, qui détient 11,5 % du capital, se comportant comme un actionnaire passif. Le milliardaire breton étend son emprise sur Hachette Livre, la maison d’édition du groupe qui contrôle Fayard, Grasset, Stock, Calmann-Lévy…
Autant de grands noms de l’édition lui permettant, selon ses détracteurs, d’infuser son idéologie conservatrice dans la société française, suscitant l’inquiétude d’une partie de l’opinion.
Le comité social et économique d’Hachette Livre a ainsi dénoncé en mars la publication chez Fayard de l’ouvrage de Xenia Fedorova, ex-présidente de Russia Today France, chaîne interdite dans l’UE depuis 2022.