Le multimilliardaire américain, connu comme l’un des hommes d’affaires les plus prospères de sa génération, va se retirer de la tête de Berkshire Hathaway, le groupe dont il tient les rênes depuis six décennies. Un séisme dans le milieu de la finance mondiale.
À 94 ans, Warren Buffett a déjà largement dépassé l’âge habituel de la retraite. Le voir se retirer de la gestion quotidienne de Berkshire Hathaway, la multinationale à laquelle il aura consacré toute sa vie, ne devrait donc pas, en principe, constituer une surprise.
Et pourtant, la nouvelle annoncée par l’intéressé, samedi 3 mai 2025 en marge de l’assemblée annuelle des actionnaires, a pris tout le monde de court. Tout le monde ou presque, puisque seules deux personnes – ses enfants Howard et Susan – étaient au courant d’après l’intéressé.
« Le moment est venu pour Greg (Abel) de devenir directeur général de l’entreprise à la fin de l’année », a indiqué le célèbre homme d’affaires aux milliers d’actionnaires réunis pour la circonstance, en référence à son successeur désigné depuis 2021, l’actuel vice-président.
De quoi déclencher un standing ovation d’une minute de la part de l’assistance comprenant diverses personnalités présentes pour la première fois, en l’occurrence l’ancienne Secrétaire d’État Hillary Clinton ainsi que Priscilla Chan, épouse de Mark Zuckerberg, le PDG de Meta.
La fin de tout un livre
Ce passage de témoin attendu pour être finalisée par le conseil d’administration dans les prochains mois, signe non pas la fin d’un chapitre, mais d’un livre entier. Celui d’un financier si avisé qu’il avait fini par être surnommé l’oracle d’Omaha, du nom de sa ville d’origine dans le Nebraska.
Grâce à son approche infaillible de l’investissement en valeur, consistant notamment à acheter des actions sous-évaluées et à les conserver à long terme, Warren Buffett aura passé maître dans l’art de transformer toutes les entreprises accueillant ses investissements en usine à cash.
C’est ainsi qu’il a fait de Berkshire Hathaway, à l’origine une entreprise de textile du Massachusetts acquise en 1965 – trois ans après son premier investissement –, un des plus grands conglomérats au monde, riche d’un portefeuille allant de Coca-Cola à Apple, Bank of America, Chevron, American Express…
Les défis d’une nouvelle ère
Il s’agit d’un empire valant aujourd’hui plus de 1 000 milliards de dollars à Wall Street. Lequel fait de Buffett la cinquième fortune mondiale. L’annonce du départ du DG intervient, comme relevé par le New York Times (NYT), dans un contexte économique complexe.
En effet, Berkshire a enregistré une forte baisse de ses bénéfices au premier trimestre, avec un revenu opérationnel – décrit par le NYT comme la mesure préférée de Buffett – en recul de 14% par rapport à la même période l’année dernière, à 9,6 milliards de dollars.
Selon le quotidien new-yorkais, Berkshire a déclaré une chute de près de 64% de son bénéfice net, largement due à des pertes d’investissement sur papier. Critique des politiques commerciales de Donald Trump, partisan démocrate, Warren Buffett laisse derrière lui un héritage qui dépasse largement le monde des affaires.