Michel-Édouard Leclerc et Bernard Arnault ont fait éclater leurs divergences au grand jour récemment, sur fond de revendication mutuelle de patriotisme économique.
Entre Bernard Arnault et Michel-Édouard Leclerc, il y a comme de l’eau dans du gaz. Les deux figures majeures du capitalisme français ont en effet récemment mis en lumière des visions profondément divergentes de l’entrepreneuriat et de la responsabilité sociale des grandes entreprises.
Tout a commencé, mardi 28 janvier 2025, lors de la présentation des résultats annuels du groupe LVMH. Une occasion saisie par le patron de ce géant mondial du luxe pour dire tout le mal qu’il pensait du projet de surtaxe des grandes entreprises envisagé par le gouvernement dans le cadre du budget actuellement en débat à l’Assemblée nationale.
Une augmentation des taxes pouvant aller jusqu’à 40%, notamment pour les entreprises à plus de trois milliards d’euros de chiffre d’affaires annuels afin, selon la porte-parole du gouvernement Sophie Primas, « de garder les 5,4 % de déficit et de doter la France d’un budget ».
Une mesure au terme de laquelle l’État espère engranger environ 8 milliards et vanté comme temporaire. Ce à quoi Bernard Arnault ne croit absolument pas.
« Taxation du “made in France” »
« Je reviens des USA et j’ai pu voir le vent d’optimisme qui régnait dans ce pays. Et quand on revient en France, c’est un peu la douche froide », a cinglé l’homme le plus riche de France aperçu il y a quelques jours aux premières loges de la cérémonie d’investiture du nouveau président américain Donald Trump.
« Quand on vient en France, et qu’on voit qu’on s’apprête à augmenter les impôts de 40 % sur les entreprises qui fabriquent en France, c’est quand même à peine croyable. Donc, on va taxer le “made in France” », a poursuivi le grand patron, dont les résultats annuels plutôt décevants, avec une chute de 17% du bénéfice net et un recul de 2 % du chiffre d’affaires.
« Pour refroidir les énergies, [on fait] difficilement mieux. Pour pousser à la délocalisation, c’est idéal (…) Je ne sais pas si c’est vraiment l’objectif du gouvernement, mais en tout cas, il va l’atteindre », a-t-il encore affirmé, dans une menace à peine voilée de délocalisation.
« Vous ne m’entendrez jamais dire ça »
« Ce n’est pas forcément positivement impactant d’avoir un des hommes les plus riches de France qui dit : ‘si ça ne le fait pas, je quitte le pays’ », a déclaré Michel-Édouard Leclerc sur LCI en réaction à cette intervention, vendredi 31 janvier.
« Vous ne m’entendrez jamais dire ça. Je parle à titre personnel, mais je pense que tous les chefs d’entreprise des Leclerc, Intermarché, (Coopérative) U, Intersport, on est des gens de terroir, on sait d’où on vient et ce qu’on doit à notre pays, il n’y a aucun d’entre nous qui ferions un chantage comme ça« , a répliqué le président du comité stratégique des magasins E.Leclerc.
Concernant la surtaxe elle-même, le dirigeant septuagénaire a tenu à clarifier sa position. Son groupe, en tant que mouvement de commerçants indépendants, ne serait pas concerné par cette mesure qui vise principalement les grandes réalisant des profits au niveau national.