Le quotidien phare de la capitale américaine serait en pleine crise existentielle marquée par les doutes de sa rédaction, dans un contexte d’érosion de la confiance du public envers les médias.
Alors que la presse américaine est tétanisée par le retour imminent au pouvoir de Donald Trump et son agenda clairement anti-vérité des faits, c’est le branle-bas au sein du Washington Post (ou le Post), le grand quotidien basé dans la capitale du pays.
Une nouvelle enquête du Wall Street Journal (WSJ) révèle de vives tensions au sein même de la rédaction dont les membres seraient de plus en plus confus quant à la politique éditoriale du journal. La conséquence d’une combinaison de facteurs récents.
Parmi ceux-ci figure la polémique née du refus de la direction de publier une caricature montrant Jeff Bezos, propriétaire du titre ainsi que d’autres figures de la tech, en train de se prosterner face au nouveau président américain.
Situation financière critique, fuite des talents
Le rejet de ce dessin qui reflète d’ailleurs assez bien la cour assidue entreprise par les plus grands patrons d’entreprises aux États-Unis à l’endroit de Trump, a provoqué la démission de son auteure, la dessinatrice de presse Ann Telnaes.
Cette dernière y a notamment vu « un changement de donne dangereux pour une presse libre ». C’est d’autant plus embarrassant pour le propriétaire que cette polémique intervient quelques mois seulement après une le blocage controversé par Bezos d’un éditorial du journal soutenant la candidate démocrate Kamala Harris à la présidentielle de novembre 2024.
De quoi provoquer le départ de plus de 250 000 abonnés en quelques jours. Selon le WSJ, les comptes du Post se trouvent dans une situation critique, avec une perte financière de 100 millions de dollars en 2024, en augmentation de 30% par rapport à l’année précédente.
Les recettes publicitaires ont également chuté à 174 millions de dollars, bien loin des 190 millions engrangés en 2023. Parallèlement, la fuite des talents s’accélère. Le Wall Street Journal évoque le débauchage par des médias concurrents de journalistes de renom.
La présidence Trump en toile de fond
Cela concernerait des noms tels que Ashley Parker, Michael Scherer ou encore Hannah Allam, tandis que d’autres figures importantes comme Philip Rucker et Rosalind Helderman envisageraient ouvertement leur départ.
Selon le WSJ, le nouveau rédacteur en chef, Matt Murray, tenterait d’imposer sa marque en réorganisant profondément la rédaction. L’issue de ce chantier reste à déterminer. La situation actuelle du journal contraste en tout cas fortement avec le premier mandat de Donald Trump (2016-2020).
Le prestigieux quotidien s’était alors distingué par sa couverture sans concession de la Maison Blanche, avec notamment son slogan devenu célèbre « Democracy Dies in Darkness » (La démocratie meurt dans l’obscurité, en français).
Un crédo né des préoccupations concernant les attaques contre la liberté de la presse et la vérité après l’élection de Trump. Ce temps semble désormais bien loin alors que Bezos est soupçonné de vouloir s’inféoder au nouveau chef de l’État.