Les deux géants américains de la tech s’accusent mutuellement de manœuvres destructrices.
C’est ce qu’on pourrait appeler un réquisitoire. Dans un long article de blog publié lundi 28 octobre 2024 par Rima Alaily, directrice juridique adjointe de Microsoft, le mastodonte des logiciels ne ménage pas Google, un de ses plus sérieux concurrents, notamment dans le domaine du cloud.
Ce secteur précisément dénommé cloud computing ou informatique dématérialisée, consistant à faire recours à des serveurs à distances pour l’hébergement des données, oppose depuis de nombreuses années, les deux entreprises américaines.
Si Amazon domine largement le marché (34% des parts en 2022), selon les données de Synergy Research Group, la bataille est plus ou moins serrée dans le rang des poursuivants. Microsoft se classe ainsi deuxième grâce à sa plateforme dédiée « Microsoft Azure » avec 21% des parts, devant Google Cloud créditée de 11%.
Dans sa sortie musclée, Microsoft accuse Google d’orchestrer en sous-main à son encontre, une campagne de dénigrement à travers le lancement dès cette semaine, d’une organisation secrète censée représenter les intérêts des fournisseurs cloud européens.
Une technique de lobbying politique trompeuse ?
« Lorsque le groupe sera lancé, Google, selon nos informations, se présentera probablement comme un membre secondaire plutôt que son leader. Il reste à voir les offres que Google a faites aux petites entreprises pour les faire adhérer, que ce soit en termes d’argent ou de réductions », écrit Rima Alaily à propos de cette fameuse organisation qualifiée d' »astroturf », terme désignant une technique de communication et de lobbying politique trompeuse.
Microsoft affirme avoir des preuves de ces allégations auprès d’un fournisseur européen de cloud, approché par Google, sans succès. « Les tactiques de Google vont malheureusement au-delà de la création d’organisations de lobbying factices. Google s’exprime aussi en son nom propre de façon fallacieuse et fait intervenir des commentateurs rémunérés pour nous discréditer », poursuit l’entreprise fondée par Bill Gates.
Des plaintes et poursuites à répétition
Cette offensive s’inscrit dans une longue série d’accusations mutuelles lancées par les deux acteurs américains de la tech alors que le marché du cloud devrait encore se développer dans les prochaines années, notamment avec l’explosion de l’industrie de l’intelligence artificielle.
Google avait ainsi porté plainte auprès des régulateurs européens contre les pratiques commerciales jugées déloyales de Microsoft. Ce dernier est notamment accusé de faire payer un surplus de 400% aux clients souhaitant continuer à utiliser Windows Server – système d’exploitation de type serveur – sur des infrastructures cloud concurrentes.
Microsoft dénonce pour sa part les manœuvres de Google visant à faire capoter un accord amiable conclu avec un collectif de fournisseurs cloud européens mécontents.