La Russie a accusé mercredi l’Ukraine d’ouvrir un deuxième front en Afrique en soutenant des groupes terroristes au Mali. Cette accusation intervient plus d’une semaine après une embuscade meurtrière tendue par les djihadistes et les séparatistes Touaregs, visiblement aidés par les services secrets de Kiev.
Ce mercredi 7 août, Moscou a accusé Kiev d’ouvrir un deuxième front en Afrique en soutenant des groupes terroristes au Mali. « Incapable de vaincre la Russie sur le champ de bataille (en Ukraine), le régime criminel de (Volodymyr) Zelensky a décidé d’ouvrir un ‘deuxième front’ en Afrique et soutient des groupes terroristes dans des États du continent favorables à Moscou », a dénoncé la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, citée par l’agence Ria Novosti.
L’attaque la plus meurtrière de Wagner depuis son arrivée au Mali
Cette accusation intervient plus d’une semaine après une attaque meurtrière des djihadistes et des séparatistes Touaregs au Mali, contre l’armée nationale et les paramilitaires de Wagner. Cette attaque serait la plus meurtrière pour le groupe de mercenaires russes depuis son arrivée dans ce pays d’Afrique de l’ouest en 2021, sur demande de la junte de Bamako. Elle est survenue à Tinzaouatine, dans l’extrême nord, près de la frontière nigérienne, que les indépendantistes et les terroristes squattent depuis qu’ils ont été chassés de leur bastion de Kidal et Tombouctou en 2023.
Les soldats maliens et russes surpris et dépassés par le nombre des ennemis à Tinzaouatine
Les Forces armées maliennes (FAMA) et leur allié Wagner sont tombés dans une embuscade le samedi 27 juillet, alors qu’ils sécurisaient la zone de Tinzaouatine. Selon les sources sécuritaires, les rebelles et terroristes étaient plus de 2000, contre une centaine de soldats russes et maliens. Surpris et dépassés par le nombre des ennemis, les FAMA et Wagner ont littéralement été massacrés. Le Cadre stratégique pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA), qui regroupe les groupes séparatistes Touaregs, a fait état de 84 morts dans les rangs de Wagner et 47 dans ceux de l’armée malienne.
Des prisonniers de Wagner exhibés dans des vidéos de propagande
Sur les réseaux sociaux, les combattants Touaregs et leurs alliés circonstanciels terroristes – à qui ils nient d’ailleurs la paternité de cette victoire – ont publié des vidéos sur les réseaux sociaux, dans lesquelles ils exhibent les prisonniers et montrent des corps de soldats inertes. C’est l’humiliation suprême pour Bamako et Moscou, qui ont promis une riposte sanglante, toujours en cours à Tinzaouatine et appuyée par l’aviation burkinabé au nom de l’Alliance des Etats du Sahel (AES).
L’Ukraine se réjouit de l’attaque contre Wagner et l’armée malienne
Le lundi 29 juillet, Andriy Yusov, porte-parole du service de renseignement militaire ukrainien (GUR), a fait une déclaration dans laquelle il a avoué à demi-mot l’implication de l’Ukraine dans cette attaque. En effet, au cours d’une émission sur une chaîne de télévision locale, cet officier a laissé entendre que ses services collaboraient avec les rebelles qui opèrent dans le nord du Mali. Un commandant de la rébellion, Mohamed Elmaouloud Ramadane, a confirmé des « échanges » avec Kiev.
L’Ukraine a fourni des renseignements et des drones aux rebelles
L’Ukraine aurait fourni les renseignements nécessaires pour l’attaque, mais aussi des drones. Elle aurait même formé les terroristes à l’utilisation de ces engins. On comprend dès lors la cuisante défaite de l’armée malienne et de Wagner. Des soldats de Kiev auraient d’ailleurs été aperçus à la frontière algérienne. Une photo publiée sur les réseaux sociaux montre les rebelles avec des militaires « blancs » tenant un drapeau ukrainien. Leur présence dans la zone ne peut étonner d’autant qu’ils opèrent déjà au Soudan, auprès de l’armée du général al-Burhan contre les paramilitaires du général Hemedti, soutenus par Wagner.
Le Mali rompt ses relations diplomatiques avec l’Ukraine
Suite aux propos d’Andriï Ioussov, le Mali a annoncé dimanche rompre ses relations diplomatiques avec Kiev. Bamako dénonce une « attaque lâche, traître et barbare » et reproche à l’Ukraine de « soutenir le terrorisme international ». Les Ukrainiens, qui rejettent les accusations, disent regretter une décision « précipitée » du gouvernement transitoire malien et assurent « adhérer inconditionnellement aux normes du droit international. N’empêche que leurs officiels ont bel et bien célébré cette attaque contre Wagner et qui a également touché l’armée malienne. Un effet collatéral ?
Kiev joue à un jeu dangereux en voulant exporter sa guerre contre la Russie
Le Niger, un autre pays de l’AES, a également rompu les liens avec l’Ukraine. Quant au Sénégal, pays également dirigé par des panafricanistes, il s’est contenté de convoquer l’Ambassadeur ukrainien à Dakar, après que celui-ci a publié sur sa page Facebook une vidéo de propagande de l’armée ukrainienne liée à l’attaque terroriste de Tinzaouatine. Notons qu’en apportant son soutien aux terroristes et aux séparatistes Touaregs, Kiev joue à un jeu dangereux. Le Mali n’est pas en conflit direct avec l’Ukraine. Celle-ci gagnerait donc à faire la guerre à la Russie sur son sol pour libérer 25% de son territoire occupé par l’armée de Poutine. Ce conflit de voisins ne concerne pas Bamako.