Le quadragénaire PDG navigue en eaux troubles au milieu des menaces occidentales et surtout américaines de bannissement de la plateforme chinoise de courtes vidéos aux États-Unis.
Le public savait relativement peu de choses de lui il y a encore quelques mois. Mais la donne a changé depuis quelques semaines. Quasiment plus un jour ne passe sans que les médias n’évoquent pas Shou Zi Chew.
Au-delà du nom, c’est son visage fait qui fait désormais la Une de toute la presse occidentale. Surtout aux États-Unis où il est engagé dans ce qu’on pourrait qualifier comme étant le plus gros défi de sa jeune carrière à la tête de TikTok, le réseau social de partage de courtes vidéos.
À savoir : faire en sorte que la plateforme technologique ne disparaisse pas des États-Unis où elle compte 150 millions d’utilisateurs, dont la plupart sont jeunes.
Crainte tenace
Autant dire une gageure, tant le réseau social détenu par la firme chinoise ByteDance suscite de la méfiance et surtout de l’hostilité croissante à travers le monde.
La meilleure manifestation de cette situation vient des États-Unis où les démocrates et les républicains s’unissent pour demander le bannissement du réseau social à plus d’un milliard d’utilisateurs actifs mensuels dans le monde.
En cause, la crainte croissante qu’il ne serve de porte dérobée à la Chine pour espionner les Américains ou encore influencer ce qui leur est montré. Une crainte d‘autant plus tenace que l’algorithme de TikTok compte parmi les meilleures à avoir été créé en raison de sa grande capacité à accrocher les utilisateurs.
Symbole multiculturel
« L’idée est si simple, mais si puissante : faire en sorte que vous regardez le contenu non pas en fonction de qui vous connaissez, mais vraiment en fonction de votre propre comportement », a récemment résumé Shou Zi Chew.
Réussir à unir les deux principaux partis américains dans un contexte de clivage constant du pays relève d’un exploit de la part de TikTok. Un exploit peu glorieux cependant et dont le PDG aurait sans doute voulu se passer au regard de son caractère plutôt discret. Y compris sur la plateforme dont il a la charge avec sa vingtaine de vidéos et à peine 20 000 abonnés.
Le réserviste de l’armée singapourienne représente cependant le meilleur symbole de cette levée de boucliers de l’Occident contre TikTok. Et pour cause, il a été imprégné de la culture des deux rives, fort de son enfance en Asie, de sa formation à Londres et de ses pérégrinations professionnelles aux États-Unis.