Il y a encore quelques mois, Aliou Diallo n’était connu que des initiés de la vie économique malienne. Cet entrepreneur, fondateur du groupe minier Wassoul’Or, est entré dans la lumière en début d’année en se déclarant candidat à l’élection présidentielle. Six mois plus tard, il pourrait créer la surprise et être élu président au nez et à la barbe de tous les caciques du monde politique malien.
Le tournant de la campagne a peut-être eu lieu au début du mois de juillet. A l’issue de son prêche hebdomadaire, après la prière du vendredi, le Chérif de Nioro, la figure la plus respectée (et la plus écoutée) de l’Islam malien prend la parole pour annoncer son soutien à un candidat à la présidentielle. Il ne s’agit ni du président sortant, IBK, ni de son principal opposant, Soumaïla Cissé, mais d’Aliou Diallo, qui a pour l’occasion pris place dans la grande mosquée de Nioro.
Un soutien capital dans la course à la présidentielle au regard de l’aura du religieux, mais qui ressemble aussi à un symbole. Symbole du profond désir de changement de l’opinion publique malienne qui ne croit plus aux discours surannés des politiciens traditionnels qui trustent le pouvoir depuis les années 1990 sans vraiment se soucier que le pays sombre dans la misère et la violence.
Car Aliou Diallo a conçu sa campagne à l’image de celle de Patrice Talon au Bénin. La campagne d’un citoyen ulcéré par l’attentisme et l’immobilisme de la classe politique. La campagne d’un entrepreneur qui connaît suffisamment les rouages de l’économie réelle pour refuser la fatalité du chômage de masse et la désespérance que la pauvreté draine (et sur laquelle les groupes djihadistes prospèrent).
Une campagne d’insoumis. En dehors des partis politiques et des luttes d’appareil. Une campagne débarrassée de calculs pour aller à l’essentiel : proposer aux Maliens une alternative et une voie crédible pour l’avenir. Quitte à être ambitieux et à avancer des chiffres astronomiques comme les 15’000 milliards de francs d’investissements et les 1’200’000 emplois qu’il compte créer en cinq ans. Tout sauf le statu quo et le fatalisme.
C’est cette mélodie d’espoir et cette ferme volonté de reprendre son destin en main qui a séduit le Chérif de Nioro et, au-delà, une large frange de la population malienne. C’est cette campagne positive et dynamique qui fait dire à de plus en plus d’observateurs de la vie politique malienne qu’une victoire d’Aliou Diallo ne serait désormais plus qu’une demi-surprise.
Faute de sondages crédibles, il faudra encore attendre quelques jours pour savoir si les électeurs maliens tentent le pari Diallo où s’ils privilégient la continuité, que ce soit avec le président sortant, IBK, ou son opposant officiel, qui a longtemps gouverné avec lui, Soumaïla Cissé. Réponse dimanche.